Partenariat: Commandez votre repas dans la langue des signes!

Pour commander de la viande de bœuf, mimez deux cornes avec les pouces contre les tempes, pour se faire servir un Coca-Cola, formez un «c» avec le pouce et le reste de la main et agitez ce signe deux fois. Au restaurant Vroom, au cœur du quartier de Plainpalais à Genève, sourds, malentendants et personnes à l’ouïe fine se mélangent. «J’ai acquis une grande expérience en travaillant longtemps dans un restaurant conventionnel, souligne Méhari, entièrement sourd, le gérant. J’attirais une clientèle de malentendants et bon nombre d’habitués entendants ont voulu apprendre les rudiments de la langue des signes. Ici, chez Vroom, j’ai voulu passer à l’étape suivante et démontrer que la surdité n’est pas un handicap, empêchant les personnes atteintes de vivre et travailler normalement dans un environnement mixte.»

Le credo chez Vroom? Favoriser au maximum le contact visuel afin de faciliter l’activité du restaurant. Toutes les tables sont rondes et disposées perpendiculairement aux parois vitrées afin que le client assis garde une vue sur l’intérieur de l’établissement et évite le contre-jour. «Dans la cuisine ouverte sur la salle, ajoute Élodie, responsable de la communication, un miroir a été installé pour que la gestion des commandes se fasse sans que le personnel doive se retourner.» Un plus: le plafond a été spécialement conçu afin d’absorber en partie les sons et génère une atmosphère emplie de quiétude, ménageant l’ouïe des malentendants portant des appareils auditifs très puissants.

Pour commander, rien de plus simple. Faites votre choix sur une carte proposant à la base de produits locaux, une suggestion végétarienne ou végétalienne et un plat du jour avec viande ou poisson. Appuyez ensuite sur le buzzer posé sur chaque table. Il va provoquer une vibration du bracelet électronique porté par le serveur ou la serveuse qui va lire sur le mini-écran le numéro de la table. Si vous possédez la langue des signes ou seulement des rudiments, Méhari ou Caroline, la serveuse rompue à l’exercice, vont enregistrer la commande. Mais si vous ne réussissez pas à communiquer avec Méhari, Caroline, parfaitement entendante, prendra le relais.

Plus qu’un simple café-restaurant, Vroom propose différentes activités. Un exemple, plusieurs fois par semaine, une animatrice donne un cours d’initiation à la langue des signes. Par son architecture et ambiance, axées sur la communication visuelle, Vroom, 50 places à l’intérieur et une terrasse, inauguré au début de l’année, est unique au monde et attire déjà des visiteurs hors des frontières. «Vroom, c’est aussi une fondation à but non lucratif, dit encore Méhari, et nous devons notre succès à des soutiens de l’importance de celui que nous accorde la Loterie Romande. Dès le début, la LoRo nous a aidés à réaliser notre projet et nous lui en sommes très reconnaissants.»