Gauche et Centre victorieuxPrimes maladie et AVS: le National vote des aides pour le pouvoir d’achat
Le Conseil national veut soutenir la population par davantage d’aide pour les primes maladie et l’adaptation des rentes AVS. Les idées de l’UDC ont en revanche été balayées.
- par
- Christine Talos
Le PS et le Centre ont triomphé mercredi au National à l’occasion d’une session extraordinaire dédiée à l’érosion du pouvoir d’achat. Alliés pour l’occasion, ils ont réussi à faire passer de justesse leurs idées pour venir en aide aux petits et moyens revenus. L’UDC repart furax, aucune de ses trois propositions n’ayant été avalisée. Le PLR et les Vert’libéraux, eux, ne voyaient pas matière à agir. Le Conseil des États tiendra son débat lundi.
Hausse des rentes AVS et aide pour les primes
La Chambre du peuple a approuvé par 99 voix contre 92 une motion du Centre qui demandait que le Conseil fédéral procède à une adaptation extraordinaire des rentes de l’AVS de manière à compenser intégralement le renchérissement d’ici au 1er janvier 2023. Elle a également approuvé par 97 voix contre 95 une motion du PS qui demande au gouvernement d’augmenter de 30% la contribution de la Confédération à la réduction individuelle des primes de l’assurance maladie pour 2023 uniquement.
«Ne rien faire n’est pas une option»
«Le pouvoir d’achat des retraités diminue quotidiennement», a relevé Christian Lohr (C/TG). «Beaucoup ne savent plus comment payer leurs dépenses nécessaires. Or si les bas revenus doivent renoncer à des choses essentielles, il y aura des répercussions négatives pour toute notre économie», a-t-il prévenu. De son côté, le président du parti, Gerhard Pfister, a critiqué vertement le Conseil fédéral: «le gouvernement ne doit pas agir seulement pour soutenir les grandes entreprises, mais aussi les ménages. Ne rien faire n’est pas une option», a-t-il lancé.
Du côté du PS, Mattea Meyer (PS/ZH) a relevé que la perte de pouvoir d’achat représentait 5000 francs par an pour une famille moyenne de 4 personnes et une rente mensuelle pour les rentiers. «La hausse des prix de l’énergie et l’explosion des primes maladie touchent de plein fouet les familles, les retraités et les individus. Ils souffrent de notre incapacité à maîtriser les coûts de la santé et de la guerre énergétique que Poutine mène contre l’Europe», a-t-elle relevé. Et d’ajouter: «renforcer le pouvoir d’achat est la meilleure politique pour les PME que nous puissions mener aujourd’hui».
«État obèse, impôt glouton»
Évidemment, du côté de l’UDC, les critiques ont fusé contre ce «socialisme de l’État obèse, de l’impôt glouton et de la redistribution sans limite». Les parlementaires ont tiré à boulets rouges sur la gauche accusée de tous les maux, en particulier de la hausse des primes maladie et des prix de l’énergie. «Le tournant énergétique que vous avez promu en augmentant les impôts sur les énergies fossiles pèse justement sur le porte-monnaie des petites gens. Ce sont vos augmentations d’impôts qui pèsent sur la population», a ainsi tonné Alfred Heer (UDC/ZH).
Une proposition UDC de déduire intégralement les primes dans le cadre de l’impôt fédéral direct a été balayée. «Seuls les plus riches en profiteront», a critiqué Mattea Meyer. Les petits ménages n’épargneraient que 12 francs sur leurs impôts, a rappelé Jacqueline Badran (PS/ZH). L’UDC voulait aussi compenser le renchérissement de l’AVS en plafonnant les dépenses dans la coopération internationale, la recherche ou encore la culture. Refusé. Elle aurait voulu aussi supprimer l’imposition de la valeur locative pour les retraités. «Pourquoi les retraités et pas les locataires», a critiqué la gauche.
Deux autres motions de l’UDC proposaient d’aider les PME et la classe moyenne en compensant la hausse du prix des carburants et en demandant à la Confédération de renoncer à une partie de l’impôt sur les huiles minérales. Là aussi, elles n’ont pas passé la rampe.
«Ni panique, ni surenchère»
Quant au reste de la droite, PLR et Vert’libéraux avaient décidé de ne soutenir aucune motion, ne voyant aucune nécessité d’intervenir. «A entendre toutes ces lamentations, on pourrait croire que l’on fait face à une inflation historique, ce qui est faux», a ainsi expliqué Regine Sauter (PLR/ZH). Le marché est en bonne santé, il fonctionne, selon elle. Prendre des mesures risquerait encore d’augmenter l’inflation, a-t-elle averti. «Le PLR ne veut ni fébrilité, ni panique, ni surenchère, ni réponses idéologiquement expéditives», a renchéri Olivier Feller (PLR/VD).