Défaite de BolsonaroDe nombreux Brésiliens exigent l’intervention de l’armée
Mercredi, les manifestations se poursuivaient dans plusieurs villes du Brésil, après la victoire de Lula, que ses détracteurs traitent de «voleur».
Des milliers de protestataires brésiliens ont demandé, mercredi, une intervention de l’armée après la défaite électorale de Jair Bolsonaro, devant les commandements militaires à São Paulo, Brasilia et Rio. Des manifestants bloquaient par ailleurs toujours des routes mercredi dans plus de la moitié des États du Brésil, mais les barrages étaient moins nombreux que la veille.
Ces protestations ont lieu au lendemain de l’allocution du président sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro. Il a rompu un lourd silence de deux jours pour dire qu’il «respecterait» la Constitution et a donné le feu vert à la transition avec son successeur de gauche Lula – tout en livrant un message ambigu à ses partisans qui protestent depuis lundi.
Pas gouvernés par un «voleur»
À São Paulo, des milliers de bolsonaristes manifestaient mercredi en fin de matinée devant le commandement militaire du Sud-est, exigeant une intervention de l’Armée aux cris de «intervention fédérale tout de suite», a constaté un journaliste de l’AFP.
Une manifestation similaire devant le quartier général de l’Armée à Brasilia réunissait des milliers de protestataires, selon un photographe de l’AFP. Même scénario à Rio de Janeiro, où des manifestants chantaient devant le commandement militaire «Lula, voleur, ta place est en prison», selon des vidéos de la presse brésilienne.
Le flot de protestataires était toujours en train de grossir à São Paulo, la plus grande métropole du Brésil, en ce jour férié dans le pays. «Nous demandons une intervention fédérale, parce que nous exigeons la liberté», a expliqué à l’AFP Angela Cosac, une manifestante de 70 ans. «Nous ne pouvons pas accepter d’être gouvernés par un voleur», a-t-elle dit, en référence aux condamnations de Luiz Inacio Lula da Silva pour corruption, que la Cour suprême a finalement annulées ou prescrites.
«Indignation»
Le nombre de barrages routiers a néanmoins diminué mercredi: la police de la route fédérale (PRF) a annoncé avoir enregistré dans l’immense pays plus de 167 barrages, contre 271 la veille, après l’allocution, mardi, de Bolsonaro.
Les barrages affectaient quelque 17 États du pays, contre la quasi-totalité des 27 États mardi. «Les manifestations pacifiques seront toujours bienvenues, mais nous ne pouvons pas utiliser les méthodes de la gauche, (…) qui empêchent la liberté de circulation», avait dit mardi, le président Bolsonaro. Il a toutefois affirmé que ces manifestations étaient «le fruit de l’indignation et d’un sentiment d’injustice concernant la façon dont le processus électoral s’est déroulé».
À São Paulo, un groupe de plusieurs dizaines de protestataires autorisaient le passage sur seulement une seule voie dans les deux sens du principal axe routier reliant cet État, le poumon économique du Brésil, au centre-ouest du pays. Mais en fin de matinée les forces de l’ordre tentaient de dégager cet axe stratégique.
Les camions klaxonnaient et sur les voies des manifestants vêtus du tee-shirt jaune et vert prisé des bolsonaristes agitaient des banderoles devant les véhicules qui réussissaient à passer, selon des images de la télévision locale.
«Risques de pénuries»
Le discours de Bolsonaro a été interprété sur les réseaux sociaux de la droite radicale comme un encouragement à la poursuite du mouvement. «Le rêve reste vivant», disait un message mardi sur Telegram. «Venez nombreux dans les rues demain», lisait-on en référence à un appel à manifester notamment dans l’après-midi sur l’avenue Paulista, au cœur de São Paulo.
Les blocages des routes ont entraîné des difficultés d’approvisionnement au Brésil, qui compte presque exclusivement sur le transport routier pour l’acheminement des biens et produits alimentaires. La Confédération Nationale des Industries a averti dès mardi du «risque de pénuries et de manque de combustible» si les barrages routiers n’étaient pas rapidement levés.
Le site d’information G1 estimait pour sa part que 70% de supermarchés constataient déjà des ruptures d’approvisionnement de certains produits.