Le drapeau du Brésil otage de l’élection avant la Coupe du monde

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PrésidentielleLe drapeau du Brésil otage de l’élection à un mois de la Coupe du monde

Au Brésil, les fans de Jair Bolsonaro ont adopté les couleurs nationales – le jaune et le vert – pour la campagne électorale. Or le second tour a lieu trois semaines avant la grand-messe du football.

«C’est dommage que la Coupe du monde ait lieu si près de l’élection. J’ai dû mettre cette banderole – «Ce n’est pas de la politique, c’est la Coupe du monde» – pour que les gens comprennent que ces fanions ne sont pas là pour montrer un quelconque soutien envers un candidat», explique Julio César Freitas.

«C’est dommage que la Coupe du monde ait lieu si près de l’élection. J’ai dû mettre cette banderole – «Ce n’est pas de la politique, c’est la Coupe du monde» – pour que les gens comprennent que ces fanions ne sont pas là pour montrer un quelconque soutien envers un candidat», explique Julio César Freitas.

AFP

«Ce n’est pas de la politique, c’est pour la Coupe du monde»: une banderole blanche avec cette inscription est accrochée au milieu de dizaines de fanions aux couleurs du drapeau brésilien, un symbole que les bolsonaristes se sont approprié tout au long d’une campagne électorale ultrapolarisée.

Car la Coupe du monde de football commence dans un mois, au Qatar, et la Seleção fait partie des favoris, mais un commerçant qui a décoré sa rue à Belo Horizonte a préféré couper court à tout malentendu. Et pour cause. Le jaune et le vert des drapeaux et maillots de foot brésiliens sont omniprésents dans la campagne du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, qui «jouera», le 30 octobre, le second tour de la présidentielle face à l’ancien chef de l’État de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva.

«C’est dommage que la Coupe du monde ait lieu si près de l’élection. J’ai dû mettre cette banderole pour que les gens comprennent que ces fanions ne sont pas là pour montrer un quelconque soutien envers un candidat», explique Julio César Freitas, 26 ans, qui travaille dans le magasin de matériel de construction de son père.

En dépit de la polarisation politique, il ne voulait pas manquer l’occasion de participer au concours de décorations de son quartier, auquel sa famille participe depuis le Mondial 1994, quand le Brésil avait décroché la quatrième des cinq étoiles de champion qui ornent son maillot. «Quand j’ai commencé à accrocher mes fanions, cela a causé une certaine agitation, mais à partir du moment où j’ai mis la pancarte, les mêmes personnes qui m’avaient pris à partie ont commencé à me féliciter», raconte-t-il.

La Confédération brésilienne tente d’empêcher toute récupération 

Dans d’autres villes du pays, de nombreux gérants de bars ont préféré attendre pour décorer leurs établissements. «En tant que commerçant, je préfère éviter tout malentendu. On a acheté des maillots du Brésil pour les serveurs, mais ce n’est pas encore le moment pour eux de les porter», a assuré Décio Lemos, propriétaire d’un bar de São Paulo, au quotidien «O Globo».

«On a acheté des maillots du Brésil pour les serveurs, mais ce n’est pas encore le moment pour eux de les porter»

Décio Lemos, propriétaire d’un bar à São Paulo

L’appropriation politique des couleurs du drapeau brésilien s’est intensifiée depuis l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro, en 2019. L’actuel chef de l’État a appelé ses électeurs à voter avec un maillot de la Seleção le 30 octobre, de quoi compliquer la tâche de la Confédération brésilienne de football, qui tente tant bien que mal d’empêcher toute récupération politique.

Pas de flocage au nom d’un candidat pour Nike

L’équipementier Nike a dû mettre en place une nouvelle règle pour ses ventes en ligne: pas le droit de commander de flocage au nom d’un candidat, ou son surnom, comme «Mito» (le mythe) pour Bolsonaro. «De nos jours, les gens relient tout à la politique et on finit par perdre l’identité de notre maillot et notre drapeau», a déploré l’attaquant Richarlison, le mois dernier, à l’issue d’un match de Ligue des champions avec Tottenham. Beaucoup de Brésiliens disent qu’ils ne veulent plus porter le maillot de l’équipe nationale, de peur d’être agressés ou d’être pris pour des bolsonaristes.

Au-delà des tensions politiques, la Seleção n’a pas trop la cote ces dernières années, dans un pays pourtant fou de foot. Sans compter que Neymar et son style bling-bling sont loin de faire l’unanimité. Et la star du Paris SG a augmenté son nombre de détracteurs en soutenant ouvertement Jair Bolsonaro.

Pour Lula, les couleurs ont été «séquestrées par le fascisme»

(AFP)

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