Énergie et travailTravailler la nuit ou le dimanche en cas de pénurie? Le National dit oui
Les députés ont accepté une motion qui veut permettre aux entreprises de faire travailler le personnel durant les heures de faible consommation d’énergie si des contingentements sont décrétés. But: faire des économies.
- par
- Christine Talos
Autoriser les entreprises à faire travailler leurs employés durant les périodes creuses en termes de consommation d’énergie, soit la nuit ou le dimanche, en cas de pénurie d’énergie: c’est en substance ce que demande une motion de la conseillère aux États Andrea Gmür-Schönenberger (Centre/LU) déjà acceptée par la Chambre des cantons. Une motion que le National, emmené par la droite, a acceptée à son tour ce jeudi par 109 voix contre 72.
«Des pénuries de gaz et d’électricité menacent avec à la clé des dommages économiques très importants», rappelait la sénatrice dans son texte. Pour éviter les contingentements et rationnements de gaz et d’électricité voire le chômage partiel, elle estimait que les entreprises devaient pouvoir s’organise et employer sur demande les travailleurs de manière à faire des économies d’énergie ou à casser les pics de consommation. «Il faut donc flexibiliser les dispositions relatives aux horaires de travail», demandait-elle.
Se préparer pour l’hiver prochain
«Certes, la flexibilisation demandée ne sera pas nécessaire cet hiver, grâce à une météo clémente. Mais la majorité est d’accord sur le fait que nous devons impérativement nous préparer pour l’hiver prochain», a expliqué Petra Gössi (PLR/SZ) au nom de la commission. Il faut donc donner à chaque entreprise des instruments qui l’aident à résoudre les problèmes immédiats en cas d’urgence.
La gauche et une partie du Centre ont tenté de s’opposer à ce projet. «C’est l’exemple parfait d’une motion qui veut résoudre un problème qui n’existe pas», a lancé Cédric Wermuth (PS/AG). Des instruments existent déjà dans la loi sur le travail pour remédier à cette situation, affirme-t-il. Cette motion n’a pour but que d’affaiblir fondamentalement l’interdiction actuelle du travail de nuit et du dimanche, a-t-il critiqué.
Le ministre de l’Économie, l’UDC Guy Parmelin, était lui aussi opposé au texte. «Le travail de nuit et du dimanche peut déjà être autorisé par les cantons pour une période allant jusqu’à six mois, sur la base d’un besoin urgent, selon la loi sur le travail», a-t-il rappelé. Et de lancer une pique à la droite: «Vous souhaitez régulièrement diminuer l’administration; ici, vous avez l’occasion de le faire, puisque la mission est déjà remplie». Sans succès.
Motion «dangereuse» pour Travail.Suisse
La motion est inutile, a rappelé l’organisation faîtière indépendante des salariés, Travail.Suisse. Pour elle, il est «évident» que les employeurs se servent du prétexte de pénurie d’énergie pour «imposer une nouvelle flexibilisation de la loi sur le travail». «Avec la motion Gmür, les employeurs espèrent disposer d’une très large marge de manœuvre pour leurs optimisations en matière de gestion d’entreprise», critique Thomas Bauer, responsable de la politique économique. «Lorsque les prix de l’énergie sont élevés, il doit être possible de réduire la production et réviser les machines. En revanche, lorsque les prix de l’énergie sont plus bas, les employés doivent travailler le dimanche et la nuit», relève-t-il. Au détriment de leur santé et de leur vie sociale, ajoute-t-il.