États-UnisDes gardes-frontières choquent en repoussant des migrants
Des patrouilles équestres ont été déployées dimanche près du fleuve Rio Grande, où des milliers de migrants, dont une majorité d’Haïtiens, campent depuis plusieurs jours.
Des photos montrant des gardes-frontières à cheval en train de repousser des migrants près de Del Rio, au Texas, suscitaient lundi une forte émotion aux États-Unis, où le gouvernement du président Joe Biden a annoncé l’ouverture d’une enquête pour faire toute la lumière sur les faits.
Sur un cliché pris par un photographe employé par l’AFP, un agent à cheval attrape un homme par son t-shirt. Sur une autre, il tient un groupe à distance en faisant tourner ses rênes, dans une posture menaçante. «C’est horrible à regarder», a reconnu la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki lors d’un point presse. «Je ne connais pas le contexte, mais je ne vois pas dans quel cadre ce serait approprié», a-t-elle ajouté.
Ces images «de mauvais traitements de migrants haïtiens le long de la frontière sont horribles et très dérangeantes», a estimé dans un communiqué l’élu démocrate Bennie Thompson, qui préside la commission sur la Sécurité intérieure à la Chambre des représentants.
Le secrétaire d’État Antony Blinken s’est entretenu lundi avec le Premier ministre haïtien Ariel Henry «de la coopération afin de rapatrier les migrants haïtiens au sud de la frontière des États-Unis», a indiqué le département d’État. Les deux hommes ont fait part de leur «préoccupation commune pour la sécurité des citoyens haïtiens». Antony Blinken a également discuté au téléphone avec son homologue mexicain Marcelo Ebrard de «la coordination pour la gestion du flux de migrants clandestins», a indiqué un porte-parole.
Des patrouilles équestres ont été déployées dimanche près du fleuve Rio Grande, où des milliers de migrants, dont une majorité d’Haïtiens, campent depuis plusieurs jours dans l’espoir d’être admis aux États-Unis, a expliqué à la presse le chef des gardes-frontières Raul Ortiz.
«Je leur ai demandé de chercher si des individus étaient en détresse et de rassembler des renseignements sur des passeurs», a-t-il ajouté, en soulignant que «contrôler un cheval dans un fleuve est difficile». Il semble que, dans ce cadre, certains aient utilisé des longues rênes, a ajouté le ministre de la Sécurité intérieure Alejandro Mayorkas. «Nous allons mener une enquête pour être sûrs que la situation est bien celle-là, dans le cas contraire, nous agirons en conséquence», a-t-il assuré.
Situation tendue
La scène s’est produite alors que des migrants se lavaient dans le Rio Grande ou traversaient le fleuve pour aller chercher de la nourriture au Mexique et la rapporter à leur famille restée sur le sol américain, selon l’auteur des photos, Paul Ratje.
Subitement, cinq ou six agents à cheval sont arrivés et leur ont demandé de retourner au Mexique. «La situation était tendue, et les migrants ont commencé à courir pour les contourner», rapporte-t-il. «Un des agents a attrapé l’homme de la photo par le t-shirt. Je ne crois pas qu’il ait été blessé».
«Je n’ai pas vu de coups de fouet, mais les agents ont fait tournoyer leurs rênes», a-t-il encore raconté. La tension est ensuite retombée, et les gardes-frontières ont laissé ces migrants rejoindre le camp de fortune. L’afflux de migrants à la frontière s’est transformé en crise pour l’administration Biden.
«Nos frontières ne sont pas ouvertes»
À Del Rio, Alejandro Mayorkas a affirmé que les migrants haïtiens recevaient de fausses informations sur la possibilité de rester aux États-Unis, déclarant également que les États-Unis accéléraient leurs processus de rapatriement vers Haïti, considérant un tel retour comme sûr pour eux.
«Nous avons répété que nos frontières ne sont pas ouvertes et que les gens ne devraient pas entreprendre un tel voyage dangereux», a déclaré le ministre. «Si vous venez de manière illégale aux États-Unis, vous serez renvoyés», a-t-il ajouté. Alejandro Mayorkas a également soutenu qu’il était raisonnable de renvoyer ces migrants vers Haïti, malgré l’instabilité politique qui y règne, et les conséquences du tremblement de terre qui a touché le sud-ouest du pays le 14 août.