Pont de GênesLe risque de chute était connu avant le drame, selon un ancien responsable
Le 14 août 2018, le pont autoroutier Morandi, un axe essentiel pour les trajets locaux et le trafic entre l’Italie et la France, s’est écroulé faisant 43 morts.
Un ancien directeur général de la holding de la famille Benetton, Edizione, a reconnu lundi que dès 2010, huit ans avant l’effondrement meurtrier du pont de Gênes, le groupe savait qu’il y avait un risque de chute, sans en tirer les conséquences.
«Il s’est avéré que le pont présentait un défaut de conception originel, suscitant la perplexité des techniciens quant à sa capacité à rester debout», a admis Gianni Mion, entendu comme témoin pendant le procès sur ce drame qui se déroule au tribunal de Gênes, dans le nord de l’Italie.
«J’ai demandé s’il y avait quelqu’un pour certifier la sécurité et on m’a répondu +nous le certifierons nous-mêmes+», a déclaré Gianni Mion, évoquant une réunion des dirigeants de la société Autostrade per l’Italia (Aspi), alors propriété des Benetton. «Cependant, personne ne pensait que le pont allait s’effondrer et on nous a rassurés. Je n’ai rien dit, mais j’étais inquiet. Je n’ai rien fait et c’est mon grand regret», a déclaré Gianni Mion, cité par les agences italiennes.
43 morts lors de l’effondrement
Le 14 août 2018, sous une pluie battante, le pont autoroutier Morandi, un axe essentiel pour les trajets locaux et le trafic entre l’Italie et la France, s’est écroulé, précipitant dans le vide des dizaines de véhicules et leurs passagers et faisant 43 morts. Le témoignage de Gianni Mion a suscité l’indignation d’Egle Possetti, la présidente du Comité des proches des victimes. «Une personne avec son rôle ne pouvait pas se taire, c’est inacceptable», a-t-elle commenté.
«Nous espérons seulement que quelqu’un paiera et donnera l’exemple pour qu’il n’y ait plus de situations comme celle-ci en Italie», a-t-elle ajouté. «Les coefficients de risque attribués à certains ouvrages étaient nettement inférieurs à l’état réel de l’infrastructure elle-même», a reconnu de son côté un autre témoin, Roberto Tomasi, directeur général d’Autostrade depuis 2019 et cadre de la société depuis 2015.
Evoquant le rôle de la société d’ingénierie Spea, chargée de la maintenance, il a assuré que «le comportement de certains de ses employés était inacceptable. Nous ne l’avons pas jugée fiable», a-t-il déclaré. Si de nombreux anciens dirigeants se retrouvent sur le banc des accusés, les sociétés Autostrade et Spea ont échappé au procès grâce à un accord à l’amiable conclu avec le parquet, prévoyant le paiement de 29 millions d’euros à l’État.