Motocyclisme - Yamaha suspend Maverick Viñales

Publié

MotocyclismeYamaha suspend Maverick Viñales

C’est «la» bombe du jour: Maverick Viñales, dont on sait qu’il quittera Yamaha en fin de saison, ne participera pas au GP d’Autriche. En raison d’une action irrégulière de sa part, dimanche dernier.

Jean-Claude Schertenleib
par
Jean-Claude Schertenleib

«Yamaha a le regret d’annoncer que l’inscription de Maverick Viñales pour le GP d’Autriche de ce week-end a été retirée. La décision fait suite à une analyse profonde des relevés de télémétrie de sa moto après le GP de Styrie, analyse réalisée ces derniers jours. Selon nos conclusions, il apparait que les faits et gestes du pilote pouvaient potentiellement causer des dégâts significatifs au moteur de sa YZR-M1; qui auraient pu du même coup causer des risques importants au pilote lui-même et, peut-être, mettre en danger ses concurrents. Le pilote ne sera pas remplacé pour ce GP d’Autriche. Des décisions concernant les prochaines courses seront prises après une analyse encore plus détaillée de la situation et des discussions supplémentaires entre Yamaha et le pilote»: tel est le texte du communiqué officiel du team officiel Yamaha, rendu public sur le coup de midi.

Qu’a-t-il fait, dimanche dernier, Maverick Viñales? Qualifié en première ligne, il a calé son moteur au moment du second départ. Obligé de s’élancer du couloir des stands derrière tout le monde, l’Espagnol, pointé un moment à la 18e place, a ramené sa Yamaha aux stands en donnant des coups de gaz rageurs – au-delà des régimes permis! -, aussi bien en piste que dans le couloir menant à son garage. Deux semaines plus tôt, le team que son père – qui est également son manager - dirige en championnat du monde supersport 300, avait annoncé qu’il mettait un terme immédiat à sa collaboration avec Yamaha.

À chacun son rôle

Depuis que la situation s’est envenimée entre Viñales et son employeur, on a beaucoup (trop!) entendu son père. Dont le rôle est bien sûr de tout faire pour aider son fils. Mais avec certaines limites. Les exemples sont nombreux, dans l’histoire du sport, de parents qui ont «trop» fait, précipitant ainsi des fins de carrière. «Comme mon papa a été pilote, il a toujours été très présent. Mais en 2017, il y a eu des moments où on s’est copieusement engueulé et il a alors compris qu’il devait prendre du recul. Depuis, notre entente est parfaite», explique ainsi Fabio Quartararo.

À chacun son rôle, c’est le champion du monde en titre Joan Mir qui le rappelle: «Mes parents ne sont pas des gens du milieu de la course, cela a peut-être été plus facile pour nous. Ils doivent rester des parents, pas devenir coach, conseiller, ou je ne sais quoi.»

Un discours illustré bien sûr par la famille Márquez, puisque Julía, le papa, est présent à toutes les courses auprès de Marc et d’Alex: «On le voit toujours, mais il n’intervient pas dans notre fonctionnement. Parce qu’il ne connaît rien à la technique, parce qu’il sait que nous sommes bien entourés. En revanche, il s’inquiète de notre santé. Comme tous les papas du monde, il veut que ses enfants se portent bien.»

Julía, père de Marc et Alex Marquez.

Julía, père de Marc et Alex Marquez.

AFP

Un précédent: John Kocinski

1993. Le team Tech 3 d’Hervé Poncharal et de Guy Coulon vient d’être promu équipe officielle Suzuki en championnat du monde 250 cm3. Son pilote? Le surdoué, mais assez compliqué Américain John Kocinski. Au bord de la piscine d’un hôtel de Shah Alam, en Malaisie, le team manager français est aux anges: «Tout ce qu’on racontait depuis quelques années sur John est totalement faux. Il est un vrai professionnel, motivé comme jamais. J’en suis sûr: avec lui, on va jouer le titre.»

Une semaine plus tôt, à la sortie du dernier virage du GP d’Australie qui se déroule alors à Eastern Creek, près de Sydney, Kocinski a fait une cruelle expérience: rien à faire face à l’accélération de la Yamaha pilotée par le Japonais Tetsuya Harada, qui le devancera de 30 millièmes sur la ligne. «Ce n’est pas si grave, John est tellement motivé, qu’il va trouver la solution», répète alors son patron. En Malaisie, Kocinski est 5e, 9e au Japon, 4e à Jerez, 7e en Autriche, puis 12e en Allemagne (Hockenheim).

Arrive «le» GP le plus important de l’année, celui des Pays-Bas, à Assen. Important à plus d’un titre pour le team Suzuki, puisque son partenaire principal (Lucky Strike) est aussi le sponsor de l’événement. Kocinski termine 3e, nettement battu par la Honda de Capirossi et la Yamaha d’Harada, qui sera couronné en fin de saison. Dans son tour d’honneur, l’Américain s’arrête sur la longue ligne droite, tire le levier de frein au maximum, tourne la poignée de gaz à fond... et enclenche la première vitesse. Pas besoin d’être un grand technicien pour imaginer les dégâts: le moteur explose! L’Américain refuse de monter sur le podium. Quelques jours plus tard, c’est le divorce.

John Kocinski lors du Grand Prix d’Australie en octobre 1998.

John Kocinski lors du Grand Prix d’Australie en octobre 1998.

AFP

Goupe KTM: une GasGas en Moto2?

Le GP de Styrie de dimanche dernier a permis au groupe KTM Mobility de réussir un sacré coup en occupant les trois premières places de la course Moto3, sous trois marques différentes lui appartenant: KTM pour Pedro Acosta, GasGas pour Sergio Garcia et Husqvarna pour Romano Fenati. Une abondance de biens qui a donné une idée aux dirigeants de Mattighofen: en 2022, aux côtés des KTM du team d’Aki Ajo (la marque autrichienne ne construit plus de châssis dans la catégorie intermédiaire, mais y aligne des Kalex sous ses couleurs), il se murmure que le team de Jorge «Aspar» Martinez pourrait également aligner des châssis allemands, mais sous le nom de GasGas!

Aegerter redevient «électricien»

Une semaine après une nouvelle victoire en mondial supersport 600, Dominique Aegerter retrouve le paddock du MotoGP pour l’antépénultième – deux courses seront ensuite au programme du GP de San Marino, à Misano, le week-end des 18 et 19 septembre – manche de la Coupe F.I.M. MotoE: «À Assen, en touchant la ligne blanche encore humide dans le premier tour, j’ai vécu une petite catastrophe en me retrouvant à terre. Les semaines suivantes, alors que mes collègues étaient pour la plupart en vacances, j’ai remporté plusieurs courses en supersport, je n’ai donc pas perdu le rythme. Mon team a encore les données de Jesko Raffin depuis 2019 (ndlr: l’an dernier, les MotoE n’étaient pas présentes en Autriche) et le but sera d’être placé au bon endroit dans le dernier tour», explique Aegerter.

Précision: l’horaire habituel de la catégorie a été modifié, la troisième séance d’essais libres des «électriciens» est programmée samedi matin entre 8h15 et 8h45, alors que leur superpole se déroulera en fin d’après-midi (dès 16h10). La course, elle, est prévue dimanche, à 15h30.

Ton opinion