Football - Affaire Fayulu: «Il aurait été plus judicieux pour la Ligue de suspendre la procédure»

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FootballAffaire Fayulu: «Il aurait été plus judicieux pour la Ligue de suspendre la procédure»

Alors que la Ligue a clos le dossier suite aux insultes racistes proférées à Saint-Gall contre le gardien du FC Sion, un suspect a été identifié par la police. Alexandre Zen-Ruffinen, l’avocat du club valaisan, s’interroge.

Nicolas Jacquier
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Nicolas Jacquier
Le 21 août, le match Saint-Gall – Sion s’était terminé dans la confusion. On voit ici Gelson Fernandes, vice-président du club valaisan, réconforter Timothy Fayulu, victime d’insultes racistes peu avant, sous le regard de Geoffroy Serey Die.

Le 21 août, le match Saint-Gall – Sion s’était terminé dans la confusion. On voit ici Gelson Fernandes, vice-président du club valaisan, réconforter Timothy Fayulu, victime d’insultes racistes peu avant, sous le regard de Geoffroy Serey Die.

Claudio Thoma/freshfocus

Le 21 août dernier à Saint-Gall, Sion avait arraché un point dans les arrêts de jeu (1-1) au terme d’un match que Timothy Fayulu avait terminé en pleurs. Alors que la partie s’était achevée dans la confusion, le portier valaisan avait quitté le Kybunpark bouleversé, victime selon ses dires d’insultes racistes. «On m’a traité de singe», avait-il confessé.

Parallèlement à la plainte contre X déposée par la victime auprès du ministère public saint-gallois pour discrimination fondée sur la race, la Swiss Football League avait ouvert une enquête via sa Commission de discipline.

Mardi, on apprenait que cette même Ligue avait clos la procédure, faute d’être parvenue à prouver de manière irréfutable les graves accusations assénées par le portier de Tourbillon. Sans nullement remettre en cause les propos de Fayulu, la SFL estimait simplement ne pas pouvoir aller plus loin dans son enquête…

«Il aurait été plus judicieux pour la Ligue de suspendre la procédure. Dans d’autres dossiers, on a connu la Commission de discipline plus incisive»

Alexandre Zen-Ruffinen, avocat du FC Sion

Alors qu’aucune sanction n’a été prononcée contre le FC Saint-Gall, tout juste peut-on s’étonner de la légèreté avec laquelle la SFL a abandonné l’affaire.

Pour l’avocat du FC Sion, qui n’est pas celui du joueur (défendu par un Zurichois), il y a lieu de s’interroger sur cette fâcheuse collusion. «Au lieu de donner le sentiment que la Ligue cherche à cacher cela sous le tapis, estime Alexandre Zen-Ruffinen, il aurait été plus judicieux pour elle de suspendre la procédure et de s’enquérir des résultats de l’enquête du parquet saint-gallois. Dans d’autres dossiers, on a connu la Commission de discipline plus incisive et décidée à aboutir.»

Car la police saint-galloise, avec d’autres moyens (images de vidéo surveillance par exemple), a identifié le 25 octobre dernier un suspect d’infraction à la norme pénale contre le racisme, comme l’a révélé Blick dès mardi soir. Avec une procédure pénale qui suit toujours son cours…

«Nous avons ainsi pris une décision en fonction des informations en notre possession»

Daniele Moro, président de la Commission de discipline

Comment ces deux annonces, aux conclusions diamétralement opposées, ont-elles pu à ce point se télescoper? «La ligue n’est pas partie prenante dans ce dossier et n’a donc pas accès aux détails ou aux documents de la procédure, devait expliquer Daniele Moro, président de la Commission de discipline, à nos confrères. Nous avons ainsi pris une décision en fonction des informations en notre possession. Nous n’avions pas de preuve «irréfutable» d’insultes racistes.»

La ligue pourrait rouvrir le dossier

Dès l’instant où un prévenu a été identifié, que va-t-il se passer désormais? L’accusé en question, présumé innocent, sera dans un premier temps entendu. «On verra ensuite ce qu’il en ressort», précise Alexandre Zen-Ruffinen.

À la lumière des nouveaux éléments du dossier et suivant les conclusions de l’enquête diligentée par les autorités judiciaires saint-galloises, la Ligue pourrait même devoir se ressaisir d’une affaire peut-être trop vite dégagée – et de manière inopportune – en touche. Tant il n’y a pas lieu de banaliser les actes de racisme ordinaire.

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