Empoisonnements mortels en FranceL’anesthésiste de Besançon conteste sa mise en examen dans 3 cas suspects
Frédéric P. est soupçonné d’avoir pollué les poches de perfusion de plus d’une vingtaine de ses patients pour provoquer des arrêts cardiaques.
Les avocats de Frédéric P., médecin-anesthésiste soupçonné de 24 empoisonnements dont neuf mortels mais qui clame son innocence, ont contesté mercredi à Besançon sa mise en examen dans trois cas devant la justice qui rendra sa décision le 30 mars.
«Pas physiquement présent»
Frédéric P., 49 ans, est mis en examen pour 21 empoisonnements supposés de patients à la clinique Saint-Vincent de Besançon, dont neuf mortels, et pour trois autres à la Polyclinique de Franche-Comté.
Mercredi, sa défense demandait à la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Besançon l’annulation de sa mise en examen pour les trois cas suspects survenus à la Polyclinique.
La dernière contre-expertise versée au dossier – une énième expertise a depuis été demandée –, permet de dire que, «scientifiquement parlant», «il n’y a pas d’éléments de preuve allant dans le sens d’empoisonnements pour ces trois cas», a affirmé après l’audience l’un de ses avocats, Me Randall Schwerdorffer.
Il a souligné que son client «n’était pas physiquement présent à la clinique» lors de la survenue de deux cas.
«L’instruction a ainsi des éléments supplémentaires» en faveur de Frédéric P. et «on demande donc à la chambre de l’instruction de constater cette absence d’indices graves et concordants à son encontre» et de le placer sous le statut de «témoin assisté», moins incriminant que celui de mis en examen, selon le conseil.
«En l’espace de deux mois»
Me Sylvia Serri, l’une des avocates des parties civiles, a déclaré que ces trois cas d’empoisonnement suspects sont arrivés «en l’espace de deux mois (...), alors qu’il n’y a jamais eu d’événements indésirables graves (EIG) à la Polyclinique, ni avant ni après», ce que conteste la défense.
«Le Dr P. était en conflit avec tous les anesthésistes de la Polyclinique», a-t-elle pointé, évoquant un «clash» en mars 2009 à partir duquel ces «EIG» seraient survenus.
Le «clash» pourrait être «l’un des mobiles, et peut-être le mobile», selon Me Serri.
Le Dr P. était absent vendredi en raison de son état de santé: placé sous contrôle judiciaire dans la Vienne, il est récemment sorti de l’hôpital après une tentative de suicide.
Mis en examen pour 24 empoisonnements présumés de patients entre 2008 et 2016, Frédéric P. est soupçonné d’avoir pollué les poches de perfusion de ces patients, âgés de quatre à 80 ans, pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit.