BulgarieLe patron du média Bellingcat persona non grata en Russie: Sofia fustige Moscou
Les autorités bulgares ont convoqué l’ambassadrice de Russie pour protester contre le placement de son ressortissant Hristo Grozev sur la liste des personnes recherchées.
Sofia a convoqué jeudi l’ambassadrice de Russie pour protester contre le placement «inacceptable» sur la liste des personnes recherchées du directeur du site d’enquêtes journalistiques Bellingcat, le Bulgare Hristo Grozev. Cette tentative pour «intimider un ressortissant bulgare» est «une atteinte à la liberté d’expression», a déclaré le Premier ministre Galab Donev avant le Conseil des ministres.
À sa sortie du Ministère bulgare des affaires étrangères, l’ambassadrice russe Eleonora Mitrofanova a justifié la démarche de son pays comme étant «une manière de lui dire de ne plus venir» en Russie. Mais «cela ne veut pas dire qu’il sera recherché dans le monde entier. Rien ne le menace là où il habite», a-t-elle précisé devant des journalistes. Selon des informations disponibles lundi sur le site du Ministère russe de l’intérieur, le journaliste est «recherché pour violation d’un article du Code pénal russe».
Grozev craint pour sa vie
Lors d’entretiens accordés mardi à deux chaînes télévisées bulgares, Hristo Grozev, 53 ans, avait estimé que sa vie était en danger. «Il y a des unités paramilitaires qui feraient avec grand plaisir ce cadeau [de me tuer] au Kremlin», a-t-il dit, laissant entendre qu’il ne se trouvait pas actuellement en Europe. Mercredi, la présidence bulgare avait déclaré à l’agence de presse BTA que «les institutions bulgares (…) ont pris des mesures pour garantir sa sécurité, y compris en coopération avec des services partenaires».
Créé en juillet 2014 par un blogueur britannique, Eliot Higgins, le site Bellingcat, basé aux Pays-Bas, se spécialise dans le journalisme fondé sur l’analyse des données accessibles à tous en ligne - l’Osint («Open source intelligence» en anglais). Bellingcat était déjà jugé par Moscou «indésirable» sur le territoire russe. Ces derniers temps, ses journalistes se concentrent essentiellement sur l’intervention militaire russe en Ukraine.
«Pire cauchemar du Kremlin»
Le site a auparavant enquêté sur le crash du vol MH17, qui a fait 298 morts dans l’est de l’Ukraine en 2014, sur l’implication présumée des renseignements russes dans les empoisonnements de l’agent double Sergueï Skripal, de l’opposant Alexeï Navalny et du commerçant d’armes bulgare Emilian Guebrev. En septembre, M. Grozev, en charge des enquêtes sur Moscou, avait assuré dans un entretien à l’AFP que Bellingcat était «le pire cauchemar du Kremlin».