Guerre en UkraineBras de fer entre Berne et Berlin sur la livraison de munitions
L’Allemagne veut livrer des munitions suisses à l’Ukraine. Berne s’y refuse. Des élus allemands menacent désormais de ne plus acheter d’armes chez nous.
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L’Allemagne veut acheter des projectiles suisses pour l’un de ses chars antiaériens mais Berne refuse jusqu’ici.
GettyLa tension augmente entre Berne et Berlin au sujet de la guerre en Ukraine. En effet, l’Allemagne aimerait livrer à Kiev des projectiles de 35 mm destinés au char antiaérien allemand Guépard. Hic: ces munitions suisses ont été livrées à l’Allemagne il y a très longtemps. Berlin a donc besoin d’une autorisation de Berne pour les réexporter. Mais le Conseil fédéral s’y est refusé en juin dernier, en raison notamment de notre droit à la neutralité et de la loi sur le matériel de guerre qui interdit de telles exportations.
Selon le «Tages-Anzeiger» cette semaine, la ministre sociale-démocrate allemande de la Défense a retenté sa chance il y a quelques jours. Elle a écrit au Conseil fédéral pour lui demander de changer d’avis. Berlin met en avant que l’Ukraine a besoin de ce matériel de guerre pour protéger ses exportations de céréales. Berne doit encore se prononcer.
Pression et menaces
Mais des élus allemands font d’ores et déjà pression sur la Suisse, jugeant incompréhensible l’attitude de Berne, rappelle samedi le Tagi. Face à une guerre qui ne concerne pas seulement tous les pays européens, mais qui provoque aussi des souffrances globales, la référence à la neutralité n’est pas viable, estime ainsi le démocrate-chrétien Roderich Kiesewetter, un membre influent de la commission des affaires étrangères du Bundestag. Et d’évoquer carrément le terme de «non-assistance à personne en danger».
D’autres en viennent aux menaces. À l’image de Marcus Faber, membre de la commission de la Défense pour le Parti libéral-démocrate (FDP). «Si les réexportations sont impossibles dans un cas comme celui-ci, à mon avis, il ne sera plus possible d’acheter des armements en Suisse à l’avenir.» En clair: Berne devrait renoncer à vendre des armes à l’Allemagne, qui est le plus gros client de la Suisse dans ce domaine, avec quelque 23% des exportations totales ces 10 dernières années.