Voile: «Nous n’avions pas d’autre choix»

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Voile«Nous n’avions pas d’autre choix»

Les conditions trop musclées prévues en Manche dimanche ont contraint les organisateurs de la Route du Rhum à prendre une décision radicale et inédite.

Grégoire Surdez Saint-Malo
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Grégoire Surdez Saint-Malo
Pour Alan Roura et les marins de cette Route du Rhum, la décision de reporter le départ était légitime.

Pour Alan Roura et les marins de cette Route du Rhum, la décision de reporter le départ était légitime.

AFP

Le briefing météo de samedi matin à 10 h 30 a été pris d’assaut. La rumeur d’un report qui était dans l’air depuis quelques jours a très vite été officialisée. La direction de course a annoncé aux 138 skippers sa décision de décaler le départ de la course compte tenu de la situation météo attendue en Manche sur les 36 premières heures de la course. Les derniers modèles ont confirmé le passage d’une très violente dépression, accompagnée d’une mer très forte barrant la route des solitaires dès la première nuit et ne laissant aucune échappatoire aux marins pour sortir de la Manche. OC Sport Pen Duick et son directeur de course Francis le Goff ont donc décidé d’attendre et de trouver une prochaine fenêtre plus favorable pour un nouveau départ mardi 8 novembre ou mercredi 9 novembre. «Nous n’avions pas d’autre choix» ont précisé les organisateurs.

Donner un départ dimanche dans 20 à 25 nœuds de vent d’Ouest, était envisageable. Mais les derniers bulletins météo précis à 48 heures ont montré que les conditions étaient beaucoup plus dures qu’envisagées initialement, et ce dès les premières heures de course. En cause, le passage d’un front froid très actif avec des vents moyens de l’ordre de 40 nœuds et rafales supérieures à 50 nœuds, s’accompagnant d’une très forte houle soulevée par la tempête tropicale Martin. 7 mètres de creux sont prévus en Manche dès lundi. C’est en particulier le timing du passage de ce phénomène qui rend la situation plus complexe encore, ne laissant aucune route alternative pour s’échapper au sud en sécurité.

‹‹Avec ce qui est prévu, il ne peut pas ne pas y avoir de casse. Et c’est quand même un peu dommage d’y aller s’il y a moyen de faire autrement.››

Alan Roura, navigateur genevois

C’est la première fois de son histoire tumultueuse que la Route du Rhum prend une telle décision. C’est aussi l’occasion de rappeler que cette Transat mythique n’est pas uniquement réservée aux skippers professionnels. Quelques amateurs plutôt éclairés s’offrent le rêve d’une vie en s’alignant au départ. C’est aussi en pensant à eux que la décision a été prise. «Nous pouvons passer dans ces conditions, nous disait encore vendredi Alan Roura. Car nos bateaux sont taillés pour ça. Je trouverai dommage d’envoyer des autres concurrents dans des classes plus exposées au casse-pipe. Avec ce qui est prévu, il ne peut pas ne pas y avoir de casse. Et c’est quand même un peu dommage d’y aller s’il y a moyen de faire autrement.»

La flotte des Multicoques, particulièrement exposée, a pesé de son poids dans les discussions. Il y a 20 ans, elle avait été décimée lors des 48 premières heures de course dans une édition qui avait été renommée la déroute du Rhum. C’est pour absolument éviter de revivre un tel scénario que la décision prise semble être bien acceptée par l’ensemble des participants, de leurs familles, de leurs équipes et par les sponsors.

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