Hockey sur glaceLes gardiens tessinois, clés des séries contre Lausanne et Genève
Extraordinaires vendredi soir à la Vaudoise aréna et aux Vernets, Janne Juvonen et Niklas Schlegel ont permis à leur équipe respective de faire un pas en direction des play-off de National League.
- par
- Chris Geiger
Les deux affiches au programme des préplay-off de National League proposent des duels entre clubs lémaniques et tessinois. Des similitudes qui se sont encore accentuées vendredi soir lors de l’acte I de ces séries au meilleur des trois matches, les deux rencontres accouchant d’un scénario similaire.
Vainqueurs sur le fil de Lausanne et Ge/Servette (1-2), Ambri et Lugano ont tous deux pu compter sur une performance de choix de leur portier respectif pour récupérer l’avantage de la glace. Et placer les Lions et les Aigles au pied du mur avant leur déplacement de ce dimanche au sud du Gothard.
S’ils entendent rester en vie, Vaudois et Genevois devront se montrer plus décisifs qu’il y a deux jours devant les excellents Janne Juvonen (35 arrêts, 97,2%) et Niklas Schlegel (44 parades, 97,8%). Une mission qui s’annonce aussi complexe qu’essentielle si les deux formations romandes ne veulent pas partir en vacances de manière prématurée.
«Janne Juvonen n’était pas en surrégime, souligne d’entrée Gianluca Mona. Il était à son niveau habituel, et ce dernier est très élevé. À l’exception de son premier match, disputé dans des circonstances peu favorables, il a été incroyable depuis son arrivée en Léventine. Je pense notamment à la victoire 2-0 d’Ambri à Fribourg (ndlr: le 12 mars dernier). Il a gagné plusieurs matches à lui tout seul. Ce n’est pas un hasard si les Biancoblu viennent d’enchaîner sept victoires consécutives. Juvonen est clairement l’arme en plus pour Ambri. Il est typiquement le genre de gardien dont les Léventins ont besoin pour battre une équipe comme Lausanne.»
Car le rôle tenu par les derniers remparts est fondamental en hockey sur glace. Encore plus lors des séries finales. «On connaît tous l’importance des gardiens, surtout lorsque ça se joue au meilleur des trois matches, rappelle l’ancien portier d’Ambri, de Lausanne ou encore de Ge/Servette. Niklas Schlegel a très, très bien joué vendredi, notamment lors des vingt dernières minutes de la rencontre. Il a sauvé plusieurs occasions genevoises de manière incroyable. De l’autre côté, Gauthier Descloux a été bon, à part sur le premier but luganais. Ce n’est jamais facile d’entamer une série finale avec un but sur sa conscience. Mais il a bien su réagir.»
Il était toutefois déjà trop tard pour les Grenat, qui n’ont réussi à tromper la vigilance de Niklas Schlegel qu’à une seule reprise (20e, Sami Vatanen). Comment explique-t-on le manque de réalisme des hommes de Jan Cadieux?
«Déjà parce que Niklas Schlegel est un gardien très mobile, avance le Tessinois de 42 ans. Il n’est pas aussi grand qu’un Tobias Stephan ou qu’un Reto Berra. Il n’a donc pas le profil typique d’un gardien NHL. Il se rapprocherait plutôt d’un Leonardo Genoni. Ensuite car il est en train de s’établir comme un vrai gardien numéro un à Lugano. On se rappelle qu’il n’avait pas fait l’unanimité à Berne par le passé. Enfin parce que Ge/Servette devra ajuster deux trois choses en vue de l’acte II.»
Lesquels, précisément? «C’est toujours la même chose, glisse l’ancien Dragon. Si le gardien ne voit pas partir le puck, il ne pourra pas l’arrêter. Il faudra donc mettre encore plus de trafic devant le but, de manière intelligente, sans toucher le portier.»
Pour Gianluca Mona, Lausanne ne devra, en revanche, pas changer grand-chose s’il entend marquer plus qu’un but à Janne Juvonen ce dimanche soir à la Gottardo Arena. «Je pense que si tu rejouais le match de vendredi dix fois, Lausanne s’imposerait neuf fois, estime-t-il. L’ambiance sera certes chaude, mais l’équipe de Lausanne est intrinsèquement beaucoup plus forte.»
Ballon de plage
Mais, vendredi, la formation vaudoise s’est cassé les dents sur un dernier rempart finlandais en état de grâce, dont l’esthétisme a particulièrement plu à notre spécialiste du poste. «Si on regarde ses interventions réalisées en fin de rencontre, notamment celle sur Jason Fuchs, il donne l’impression d’arrêter un ballon de plage. En le regardant, en tant que spectateur, on peut se dire que c’est vachement simple d’être gardien.»
Car l’ancien portier de Jokerit, débarqué en Léventine le 1er mars dernier suite au retrait de la KHL du club finlandais, mise sur un style efficace, avant d’être spectaculaire.
«Il est toujours bien positionné, reprend Gianluca Mona. Il ne fait pas de mouvements superflus. Il voit partir les pucks, ce qu’il lui permet de les arrêter facilement. Il est aussi extrêmement bon dans le jeu avec sa canne, car il peut jouer le puck ou aider ses défenseurs au niveau des relances. Avec toutes ses qualités, il amène beaucoup de tranquillité et de confiance aux joueurs ainsi qu’à l’entraîneur.»
Luca Cereda, justement, doit être soulagé d’avoir enfin trouvé un gardien fiable, chose qui a longtemps manqué aux Léventins depuis le début de l’exercice en cours. «Je ne dirais pas qu’Ambri a rencontré des problèmes de gardiens cette saison, mais il est vrai que Benjamin Conz a été souvent absent en raison de ses nombreuses blessures. Quand il a été présent, il a toutefois été très bon. Damiano Ciaccio n’a, lui, pas su confirmer son niveau de l’année passée au niveau de la qualité du jeu.»
Cinq gardiens devant le filet luganais
Le poste de gardien a également donné du fil à retordre à Chris McSorley et Lugano. Le club tessinois a ainsi aligné pas moins que cinq derniers remparts différents (Juho Markkanen, Thibault Fatton, Leland Irving, Davide Fadani et donc Niklas Schlegel) depuis le début du championnat.
«Ce qui est extrême, corrobore Gianluca Mona. Le fait pour Lugano de pouvoir désormais compter sur son gardien numéro un du début de saison va donner confiance à toute l’équipe. Les joueurs vont être plus relax car ils savent que, derrière, il y a quelqu’un qui arrête les pucks.»
Janne Juvonen et Niklas Schlegel auront à cœur de confirmer leur superbe performance d’il y a 48 heures ce dimanche soir (19 h 45) devant leur public. Et de faire basculer tout un canton dans l’euphorie.