Exposition: Briser les tabous de la période périnatale

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ExpositionBriser les tabous de la période périnatale

Le Musée de la main UNIL-CHUV présente l’exposition «Bébé en tête», qui casse les préjugés et ouvre le dialogue autour de la périnatalité. Lematin.ch s’est rendu à la conférence de presse.

Clotilde Loup
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Clotilde Loup
Mise en scène et vues d’exposition de l’exposition Bébé en Tête au Musée de la main. Vernissage le jeudi 2 novembre 2023.

Mise en scène et vues d’exposition de l’exposition Bébé en Tête au Musée de la main. Vernissage le jeudi 2 novembre 2023.

CHUV 2023 | GANGUILLET Alain

La période périnatale est remplie d’idées préconçues et de préjugés. L’imaginaire collectif renvoie parfois une romantisation, une idéalisation de cette période dans la vie d’une femme, d’un couple, d’une famille. Pourtant, la réalité est bien plus complexe, car il y a une multitude d’aspects qui rentrent en compte pour définir cette période périnatale.

Le groupe de recherche périnatale du CHUV a travaillé pendant deux ans pour réaliser l’exposition «Bébé en tête». Durant deux ans, l’équipe a étudié, analysé, discuté autour de la thématique.

La volonté première? Créer un dialogue entre les chercheurs et le public afin d’augmenter la compréhension et briser le silence concernant la périnatalité. Avec ce travail, le groupe de recherche veut également améliorer la prise en charge des personnes qui vivent cet événement de l’arrivée d’un bébé.

L’équipe a conceptualisé une exposition, avec l’aide de l’agence Wapico, ludique, interactive et immersive. «Nous voulons faire ressentir le vécu pour augmenter l’impact du message et provoquer une prise de conscience», explique Antje Horch, directrice du projet «Bébé en tête».

De son idée et à son arrivée

Avoir un enfant est un parcours propre à chaque individu. De l’envie d’avoir un enfant, au projet d’essayer d’en avoir un, à devenir parent. Le chemin est parfois long et peut également être traumatisant.

L’exposition «Bébé en tête» veut montrer tous les aspects de la réalité de la conception à l’arrivée du bébé. «C’est une exposition extraordinaire. C’est un projet courageux d’oser parler de ces tabous. Du moment qu’on en parle ça les rend légitime et il y a une prise de conscience collective.», explique Julie Bourdin, sage-femme cheffe en salle d’accouchement qui a participé au projet.

À travers des études scientifiques, des témoignages, le spectateur plonge dans des expériences de vie qui démontrent qu’il n’y a pas de schémas. «Les histoires et témoignages que l’on découvre à travers l’exposition permettent de vraiment comprendre la diversité des expériences, ces conversations honnêtes ouvrent le dialogue et peuvent inspirer les autres à parler et aller chercher du soutien.», défend David Baud, chef du Service d’obstétrique du CHUV qui a participé au projet.

C’est le mot d’ordre de cette exposition: ouvrir le dialogue et apporter du soutien à celles et ceux qui en ont besoin.

Car pères et mères vivent tous des épreuves différentes. «Je me réjouis que cette exposition puisse peut-être enlever les œillères et casser l’imaginaire collectif.», ajoute Cristina Guillet, coordinatrice générale de l’association «Né trop tôt», partenaire du projet, et maman témoin pour l’exposition. «La réalité n’est pas celle qu’on voit sur les réseaux sociaux ou dans les pubs. Une mère ou un père ne sont pas toujours heureux, il y a des moments très durs comme très beau. C’est la dualité de la parentalité».

Cinq étapes, mais mille vécus différents

Coralie Peguet, coordinatrice générale et rédactrice scientifique a œuvré pendant ces deux ans pour les études menées au sein du group de recherche périnatale, mais également sur la conception de l’exposition. Elle était notre guide lors de la conférence de presse.

Ce que l’on a aimé dès le départ, ce sont les éléments interactifs tout le long de l’exposition. «Tous les témoignages peuvent être écoutés en français et en allemand, mais les visiteurs peuvent aussi nous demander les témoignages par écrits», précise Coralie Peguet.

On découvre cinq chapitres, cinq étapes que toutes personnes qui attendent un bébé vont vivre. Et à chaque chapitre, l’objectif est de changer la vision ancrée par la société dans laquelle on vit.

Mise en scène et vues d’exposition de l’exposition Bébé en Tête au Musée de la main. Vernissage le jeudi 2 novembre 2023.

Mise en scène et vues d’exposition de l’exposition Bébé en Tête au Musée de la main. Vernissage le jeudi 2 novembre 2023.

CHUV 2023 | GANGUILLET Alain

Dans l’image ci-dessus, le lit se feuillette comme un livre et l’on découvre les différents modèles familiaux de notre époque (hétérosexuel, homosexuel, monoparental). La roue de la fortune, elle va mettre en scène les chemins imprévisibles dans l’envie d’avoir un enfant.

Ici le but est d’ouvrir le dialogue sur le fait de vouloir un enfant ou non, mais aussi de parler de l’infertilité qui touche 10% des couples et autant les femmes que les hommes.

Le Tetris pour soigner son traumatisme

Les tabous les plus durs à briser et que l’équipe du projet «Bébé en tête» espère casser avec l’exposition, c’est le deuil périnatal, la dépression post-partum et le trouble du stress post-traumatique lié à l’accouchement (TSPT-A). On ne va pas tous vous divulgâcher. Mais on a retenu quelques chiffres importants.

  1. Une grossesse sur cinq se termine précocement.

  2. 15% des mères et 10% des pères ont une dépression post-partum

  3. 12% des femmes développent des symptômes TSPT-A après l’accouchement, et au moins 1,3% des pères sont affectés

Un groupe de recherche a également trouvé une manière de soigner le traumatisme post-accouchement. Le Tetris. Et oui, il semblerait que jouer au Tetris après l’accouchement réduirait fortement l’impact traumatique sur la mère. 45% des femmes qui y ont joué avaient moins de remontées ou de pensées intrusives que celles qui n’y avaient pas joué.

Des rencontres pour ouvrir la parole

À côté de l’exposition, l’équipe de «Bébé en tête» organise des ateliers, des débats, des groupes de parole (entre parents, grands-parents…) pour échanger et libérer la parole. «Cela permet de faire le lien entre l’équipe médicale et les associations ou toute personne qui peut donner du soutien. Le corps médical amènera un soin, alors qu’une association et une personne formée prendront soin du ou des parents en difficulté, c’est une synergie importante pour le bien-être des parents et de la famille.» explique Cristina Guillet.

Toutes les informations sur les différentes activités sont à retrouver sur le site de «Bébé en tête»: ici.

L’exposition «Bébé en tête» a lieu du 3 novembre 2023 au 24 mars 2024, au musée de la Main UNIL-CHUV. L’entrée est gratuite.

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