FootballMatteo Tosetti: «À Sion, je n’étais pas heureux sur le terrain»
Après deux saisons compliquées à Tourbillon, le Tessinois a signé à Bellinzone, qui accueille Lausanne ce samedi. «Je suis redevenu quelqu’un d’important», apprécie-t-il.
- par
- Nicolas Jacquier
Lorsque Matteo Tosetti avait signé au FC Sion en septembre 2020, tout le monde avait aussitôt vu tout ce qu’il allait pouvoir y apporter, principalement au niveau de la qualité de sa dernière passe. Mais le Tessinois, pourtant couronné meilleur passeur du championnat sous le maillot du FC Thoune en 2018, n’allait jamais véritablement réussir à exploiter son potentiel.
Jusqu’à ce divorce devenu inéluctable, intervenu le 6 juillet dernier, en dépit d’un bail courant jusqu’à l’été 2023. «On ne s’est jamais trouvé. Un peu comme dans un mariage qui ne fonctionne pas…»
Mais comment en est-on arrivé là? «En Valais, tout était magnifique; avec ma famille, on s’y est vraiment beaucoup plu. Mais je n’étais pas heureux sur le terrain. J’étais un peu perdu. Il est difficile de prouver ce que l’on vaut quand le club ne te fait pas confiance. Cela devient même vite compliqué (…) À Sion, j’ai l’impression qu’il manque toujours quelque chose. C’est dommage compte tenu du potentiel.»
Manque de considération
Alors qu’il avait délivré 56 assists sous son ancien maillot bernois, le Tessinois, joueur élégant et raffiné, n’allait offrir que 8 passes décisives avec Sion. Peu utilisé, ou parfois à mauvais escient, dans un rôle qui n’est pas le sien, il a aussi souffert du manque de considération de ses entraîneurs successifs, notamment Fabio Grosso qui l’avait reconverti en latéral. Ce printemps, il avait disparu des écrans radars, n’entrant pas davantage dans les plans de Tramezzani.
«Globalement, on ne croyait pas en moi. Tout le monde sait que je ne suis pas un joueur qui raffole des duels. Or je me suis retrouvé dans un rôle défensif. Je ne suis pas le gars qui va te faire 70 mètres balle au pied. Tous ces changements de poste ont fini par me faire perdre confiance. Je n’avais plus aucun plaisir.»
Un plaisir qu’il a désormais retrouvé à Bellinzone, un club qui n’a pas hésité à miser sur lui, ainsi que sur Gaetano Berardi (ex-Sion également). «Je suis redevenu quelqu’un d’important, se réjouit-il. On m’utilise surtout pour mes qualités…»
Le milieu de terrain du Stadio comunale ne considère nullement sa «relégation» en Challenge League comme un désaveu. «Au contraire, reprend notre interlocuteur. Je descends certes d’une Ligue, mais compte tenu de ce que j’ai vécu sportivement ces deux dernières saisons, c’est pour moi un pas en avant. Revenir au Tessin représentait la meilleure solution. J’ai l’occasion de retrouver le footballeur que je suis et de montrer qu’à 30 ans je ne suis pas fini. Ici, je sais ce que je vais trouver.»
En attendant, sa valeur marchande, elle, a chuté, passant de 1,8 million de francs à Thoune pour atteindre moins de 500 000 francs au sortir de son expérience valaisanne peu concluante.
Un agent de joueur comme boss
Après Locarno (2009-2010) et Lugano (2014-2016), Tosetti a découvert un troisième club dans son canton d’origine, où les querelles de clocher et les rivalités géographiques continuent de diviser. «À Bellinzone, l’engouement du public est aussi important que l’attente des tifosi. On a joué devant plus de 3000 personnes contre Monza en match amical. Peut-être y aura-t-il bientôt plus de spectateurs à Bellinzone qu’à Lugano…»
Bellinzone, c’est aussi le club de Pablo Bentancur, un très influent agent de joueur. «Il est aussi fou de foot que l’est Christian Constantin. Ce sont deux patrons qui se ressemblent.»
Avec la venue du LS ce samedi, le néo-promu entend marquer son territoire autant que les esprits. «Lausanne a réalisé des transferts intelligents, avec des joueurs connaissant la réalité de la Challenge League. Cela risque d’être compliqué pour nous. En même temps, c’est un premier match. On peut le voir comme un examen de passage. À Bellinzone, la qualité est là, il faut désormais la traduire sur le terrain…»
Et si le club tessinois n’en restait pas là de ses exploits? Le règlement du championnat, offrant jusqu’à trois billets de promotion, pourrait servir ses intérêts. «En théorie, conclut l’ex-Sédunois, 30% des équipes peuvent monter. À côté des favoris, il y a peut-être un joli coup à tenter. Essayons de le jouer à fond. Je rêve d’un derby contre Lugano en Super League…»