ParlementRetraite à 66 ans: le National veut un contre-projet
Les députés ont refusé l’initiative des Jeunes PLR qui veulent relever l’âge de la retraite AVS et la lier à l’espérance de vie. Mais, surprise, ils ont accepté de justesse de renvoyer le projet pour y élaborer un frein à l’endettement.
- par
- Christine Talos
Les Suisses ne devraient pas travailler jusqu’à 66 ans pour toucher l’AVS. Après le rejet sans contre-projet du Conseil des États en mars dernier, le Conseil national a refusé lundi l’initiative populaire des jeunes PLR, baptisée «Pour une prévoyance vieillesse sûre et pérenne (initiative sur les rentes)», qui veut relever l’âge de la retraite à 66 ans avant de le coupler à l’espérance de vie. Mais, coup de théâtre: les députés ont renvoyé, par 93 voix à 92 (et une abstention!), le projet en commission pour élaborer un contre-projet indirect qui prévoit un frein à l’endettement de l’AVS.
Pourtant les fronts semblaient clairs lors du débat d’entrée en matière: le PLR était seul contre tous. «Il y a un sérieux problème de timing», avait lancé Benjamin Roduit (C/VS) au nom de la commission. «Il nous paraît impensable après la courte majorité sur AVS 21 en septembre dernier d’exiger déjà de nouveaux sacrifices de la population», avait-il ajouté. En outre, le Conseil fédéral doit soumettre d’ici fin 2026 un projet de stabilisation de l’AVS pour la période de 2030 à 2040, avait-il rappelé.
C’est l’UDC, qui rejetait d’abord le texte, qui a fait basculer la majorité. Le parti a en effet décidé de soutenir les Vert’libéraux qui proposaient un contre-projet indirect. «Le financement des rentes des baby-boomers est actuellement problématique. La solidarité entre les générations n’est plus garantie», a expliqué la Bernoise Melanie Mettler.
Le poids sur les jeunes générations
Auparavant, le PLR a tout tenté pour faire passer l’initiative ou un contre-projet direct. Pour Regine Sauter (PLR/ZH), «si aucune mesure n’est prise, le fonds de l’AVS se videra à partir de 2029». «Ayez le courage d’agir, même en année électorale», a lancé lui Philippe Nantermod (PLR/VS) aux députés. Car selon lui, «l’AVS est sur la voie de la faillite». Et de rappeler qu’en 1950, il y avait 6,33 actifs pour un rentier contre 3 en 2025 et 2,26 en 2050. Conséquence: les jeunes, déjà sous pression financièrement, devront encore plus passer à la caisse pour financer leurs aînés.
Pierre-Yves Maillard (PS/VD) a, lui, rectifié: «En 1950, il y avait bien 6 actifs pour un rentier. Mais la moitié étaient des femmes qui ne cotisaient pas. Aujourd’hui tous les adultes cotisent et c’est la raison pour laquelle les finances de l’AVS sont saines», a-t-il lancé. Il a aussi balayé l’idée d’une disparition du 1er pilier. «En 1947, les opposants brandissaient déjà cette menace et l’AVS est toujours là», a-t-il rappelé.
Sa collègue Flavia Wasserfallen (PS/BE) a aussi rappelé que rehausser l’âge de la retraite était la voie à plus d’injustice et d’inégalités puisque ceux qui ne peuvent pas se permettre une retraite anticipée seraient obligés de travailler plus longtemps. Autre risque: les travailleurs âgés seront péjorés et devront se tourner vers d’autres assurances sociales.
Ce que propose l’initiative
L’initiative, déposée par les jeunes PLR en juillet 2021, demande d’abord de relever l’âge de la retraite AVS à 66 ans pour tous. Ainsi, 4 ans après l’acception de l’initiative, l’âge de la retraite serait relevé de deux mois tous les ans jusqu’à atteindre 66 ans. Une fois cette première étape réalisée, il serait lié à l’espérance de vie moyenne de la population. Cette adaptation serait effectuée tous les ans par tranche de deux mois et serait communiquée aux personnes cinq ans avant la fin du travail. La retraite à 67 ans interviendrait dès 2043 et celle à 69 ans en 2070. Ce mécanisme permettrait de passer 20% de sa vie à la retraite.