Loi sur le climatPour Unia, pas de transition énergétique sans hausse des salaires
L’acceptation en votation de la loi climat promet de créer des milliers d’emplois. Le syndicat Unia considère que les mauvaises conditions de travail dans certains secteurs compromettent les objectifs climatiques en Suisse.
- par
- Julien Baumann
Unia alerte sur le manque de main-d’œuvre dont souffre la Suisse pour assurer la transition écologique telle qu’exigée par la nouvelle loi sur le climat acceptée en votation dimanche. Dans un communiqué publié jeudi, le syndicat cite une étude de la Haute école zurichoise des sciences appliquées (ZHAW) qui estime que jusqu’à 87’000 postes seront nécessaires pour rénover les bâtiments, remplacer les systèmes de chauffage et pour poser des installations solaires.
En chiffres, les objectifs climatiques de la Confédération devraient mener au minimum à la rénovation de plus de 26’000 bâtiments par an, soit environ 10’000 places de travail pour les travaux de montage. Le remplacement des systèmes de chauffage nécessitera plus de 13’000 emplois. Pour l’installation de panneaux solaires, il faudra entre 5000 et 12’000 places de travail.
«Plus aucune pompe à chaleur installée»
Pour Unia, les mauvaises conditions de travail actuelles dans des secteurs-clés de la transition énergétique vont empêcher la Suisse de respecter ses objectifs de réduction des émissions de CO₂. La technique du bâtiment (ferblanterie, chauffage, ventilation, sanitaire, etc.) et les électriciens sont particulièrement concernés.
«Sans leur force de travail, les technologies appelées à concrétiser la transition énergétique plébiscitée par le peuple prendront la poussière dans les dépôts des entreprises. Aucune pompe à chaleur ne sera installée, plus aucun panneau photovoltaïque ne sera posé. Et ce, malgré les millions de subventions publiques dégagées pour encourager leur déploiement», commente Aldo Ferrari, membre de la codirection nationale du secteur des arts et métiers d’Unia. Une hausse «urgente» des salaires et plusieurs améliorations des conditions de travail pour «rendre ces professions attractives» sont notamment exigées.
Pénurie confirmée
Une étude présentée par Unia réalisée par le Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’EPFZ pour le compte de l’Union patronale suisse, en début d’année, confirme que plusieurs corps de métiers manquent de bras en Suisse. Les trois domaines professionnels présentant la durée moyenne de vacance la plus élevée sont les
spécialistes du bâtiment et du second œuvre, les métiers du montage et les électriciens et électroniciens. Les employeurs dans ces domaines ont aussi de la peine à recruter des apprentis.
Des «journées interminables»
Une enquête réalisée par Unia auprès de 2000 électriciens – dont les compétences sont considérées par le syndicat comme «d’importance stratégique» dans la transition énergétique – montre que plus de 44% des salariés sondés veulent ou ont déjà envisagé de quitter la branche. Ces derniers souffrent «de journées interminables et du stress induit par les délais», dénonce Unia, pour qui ces situations ne font que renforcer le manque de main-d’œuvre dans les secteurs concernés. À titre de comparaison, à la fin de l’apprentissage, un installateur électricien ne reçoit que 4500 fr. par mois et un technicien du bâtiment 4100 fr., contre 5800 fr. pour un maçon qui a obtenu son CFC.