Football: Commentaire: l’euphorie, ce danger qui peut menacer le FC Sion

Soyons clairs: au moment du tirage au sort des quarts de finale, le 9 novembre dernier, on n’aurait accordé aucune chance sérieuse au FC Sion tant Young Boys paraissait alors encore inaccessible. Et voilà que, par un savant jeu de basculement que réserve le sport, le club de Tourbillon possède dorénavant quelques solides arguments pour faire tomber ce jeudi soir le tenant du trophée, ce qui reviendrait à faire revivre en Valais l’histoire d’une Coupe ayant forgé sa légende.

Si Sion peut raisonnablement y croire, c’est parce qu’il s’est bonifié dans le même temps où le champion de Suisse perdait de sa superbe jusqu’à devenir assez quelconque sur ce qu’il a montré jusque-là en 2024. Témoins de cette progression réjouissante: Dejan Sorgic et Théo Bouchlarhem. Alors que les deux attaquants étaient encore contestés à Tourbillon avant Noël, ils ont pris une tout autre dimension depuis la reprise, en marquant respectivement 4 et 3 buts.

Résultat de cette spectaculaire montée en gamme: le leader de Challenge League, qui vient d’inscrire la bagatelle de 14 buts en cinq matches tous remportés (souvent avec la manière), ressemble aujourd’hui «déjà» à une formation de Super League, ce qu’il n’était encore pas du tout cet automne. Autant les hommes de Didier Tholot respirent la sérénité et la force tranquille, autant ceux de Raphaël Wicky présentent tous les signes d’une équipe sinon en crise du moins en manque de confiance.

Cela ne signifie pas pour autant que Sion sera favori au coup d’envoi – se cantonner au rôle d’outsider lui ira déjà très bien. Pour les Valaisans, rien ne serait au demeurant plus dangereux que de rêvasser en se faisant un film. On peut certes compter sur le chaud public de Tourbillon pour porter son équipe mais celle-ci devra surtout veiller à ne pas s’écarter de son plan de jeu.

Parce que ce qui pourrait paradoxalement desservir le FC Sion, c’est l’euphorie actuelle qui règne en Valais, où tout un canton rêve déjà de refaire ce printemps le double coup gagnant réussi en 2006 (promotion en Super League et victoire en finale de Coupe contre…YB!). Du Bouveret à Obergoms, l’euphorie est d’ailleurs telle qu’une élimination contre YB dans quelques heures serait perçue comme un échec, ce qu’elle ne serait en aucun cas en dépit de l’espoir suscité.

Alors oui, Reto Ziegler et ses coéquipiers doivent s’imprégner de cet extraordinaire engouement populaire qui va croissant mais ils ne doivent absolument pas se laisser griser par son contexte émotionnel. Afin de convoquer, le moment venu, la douce folie de la normalité valaisanne. Tant Sion n’a nullement besoin d’être favori pour inscrire un nouvel exploit à ses épopées magiques de Coupe.