CinémaLe jour où Alexandre Jollien et Bernard Campan ont fini «à poil dans la rue à 4 h»
Alors que leur film «Presque» est en salle, le philosophe romand et l’acteur français partagent une amitié vieille de dix-huit ans avec des souvenirs surprenants en Suisse.
L’un est comédien, connu pour ses sketchs avec «Les Inconnus», l’autre est philosophe et écrivain, né infirme moteur cérébral. Le Français Bernard Campan, 63 ans, et le Valaisan Alexandre Jollien, 46 ans, sont amis depuis presque vingt ans et ils ont raconté cette belle relation dans un long-métrage fictif intitulé «Presque». Il s’agit d’une comédie drôle et émouvante sur un croque-mort et une personne ayant un handicap féru de philosophie dont les vies se trouvent bouleversées par leur rencontre. Un film qu’ils ont coréalisé et dans lequel ils jouent les rôles principaux.
S’ils ont donné plusieurs interviews pour parler de ce projet désormais dans les salles, ils sont revenus sur le début de leur amitié dans «Le Parisien». C’est Bernard Campan qui a fait le premier pas en 2003. Après avoir vu Alexandre Jollien dans une émission de télévision, il lui a téléphoné. «Alexandre parlait d’une philosophie appliquée au quotidien. Je partageais tout ce qu’il disait sur le regard des autres, la confiance en soi. J’ai senti qu’il y avait entre nous une connexion, une fraternité», a-t-il confié.
«C’était fusionnel»
Le premier appel a duré plus d’une heure. «J’étais à l’hôtel à Venise et le réceptionniste m’engueulait, s’est rappelé le Romand dans le quotidien. On a tout de suite parlé de la blessure intérieure, de la mort, de la sexualité, du corps. Je venais de perdre mon papa et avec Bernard, c’est comme s’il y avait une filiation.» Ils ont fini par se rappeler très souvent. «Pendant trois ou quatre ans, on a discuté quasi chaque jour, a ajouté Campan. C’était fusionnel.»
En parallèle de leurs conversations téléphoniques, ils se sont vus régulièrement. Chaque rencontre avait son lot de surprises. La première fois que l’acteur s’est rendu à Lausanne, où vit le philosophe, le duo s’est baigné dans le lac Léman, en slip. Une autre fois, les amis ont fini «à poil dans les rues, à 4 h du matin». «Alexandre n’a pas pu avoir d’adolescence. Notre amitié a été une façon de combler certains manques.» Alexandre Jollien a conclu par: «Bernard m’a apporté une liberté. J’étais engagé dans un chemin volontariste, qui peut épuiser. Lui m’a appris à accepter que les autres n’acceptent pas le handicap.»