Football: C’est le mouvement qui rend le FC Sion vivant

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FootballC’est le mouvement qui rend le FC Sion vivant

Depuis le début de saison, les Valaisans semblent avoir retrouvé une approche basée sur l’utilisation du ballon. La mobilité des milieux de terrain leur permet de la mettre en place.

Valentin Schnorhk
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Valentin Schnorhk

A priori, rien d’extraordinaire. Les résultats du FC Sion sont corrects depuis le début de saison: quatre points en trois matches. Le contenu est encourageant, parce qu’il y a le sentiment d’une équipe unie et motivée par l’idée de jouer un peu plus que les saisons précédentes. Est-ce que cela atteint des sommets? Non.

Le FC Sion de Paolo Tramezzani apparaît beaucoup plus mobile depuis le début de saison.

Le FC Sion de Paolo Tramezzani apparaît beaucoup plus mobile depuis le début de saison.

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Mais la formation de Paolo Tramezzani a adopté des principes qui doivent l’aider à se mettre dans la bonne direction. Et il faut bien admettre que cela fonctionne lorsqu’il s’agit de faire avancer le ballon jusque dans le dernier tiers du terrain. Le milieu Anto Grgic – Denis Will-Poha – Musa Araz se complète bien en la matière. Parce qu’il est fluide et mobile. Cela plaide pour une utilisation du ballon bien réfléchie. Décryptage de ce qui redonne des couleurs aux Valaisans.


Un milieu liquide

Après avoir utilisé un milieu en losange (où Baltazar était en meneur de jeu) à Lugano et contre Young Boys, Paolo Tramezzani a opté pour un 4-3-3 contre Servette samedi. Pas de quoi revoir l’animation globale et l’intention. Ce sont simplement les espaces ciblés qui ont évolué: là où l’intérieur du jeu était souvent visé lors des deux premières journées, Sion a beaucoup plus cherché à attaquer la profondeur dans les demi-espaces lors du derby.

Mais la construction dans les deux premières zones de jeu n’a pas fondamentalement varié. Parce que les trois milieux de terrain sont restés les mêmes, avec la dynamique qui est la leur depuis le premier match. Cette dynamique, c’est celle où rien n’est figé dans la pierre. Le comportement du trio médian est très «liquide». Autrement dit, leurs déplacements apparaissent très libres et rarement quadrillés. Ils bougent selon que ce que leur inspire le jeu.

Ainsi, il est devenu commun de voir Araz à la hauteur des centraux sur une action, puis de le voir attaquer la surface sur la suivante. Il arrive aussi qu’au début d’une séquence, les trois milieux soient très proches, puis qu’ils se déplacent au fur et à mesure. En clair: avec ballon, Sion n’a pas une structure très établie. Mais l’interprétation de cette liberté est pour l’instant suffisamment bonne pour permettre l’avancement du jeu sans prendre de gros risques à la perte de balle.

Progression facilitée

Avec ce FC Sion, on se situe donc très loin d’un jeu de position posé et organisé. Mais cela n’empêche pas de recourir à certaines idées qui s’en rapprochent. Ne serait-ce que la recherche de la supériorité. L’adversaire presse à deux les défenseurs centraux? Alors le décrochage d’un milieu permet de passer cette première ligne. Et ainsi de suite. Le fait de dézoner permet d’avancer. Les milieux sédunois ne s’en privent donc pas. Surtout, ils cherchent à offrir des solutions faciles au porteur de balle, histoire de sécuriser la possession et trouver des lignes de passes peu risquées pour progresser.

Cela se répercute déjà dans les chiffres. L’échantillon est faible avec seulement trois matches disputés, mais il y a une tendance qui s’éloigne de ce qu’était le Sion de la saison dernière. Si la possession de balle est légèrement supérieure (48% contre 44% sur l’ensemble de l’exercice 2021-22), il convient de s’intéresser aux types des passes. Et ainsi, alors que Sion affichait une moyenne de 65,83 passes progressives (qui rapprochent de manière significative du but adverse) par match l’an dernier, ce total grimpe pour l’instant à 81,67. Une augmentation nette, sans pour autant que le taux de réussite soit affecté (autour de 70%, comme la saison dernière).

La quête du désordre

Depuis le début de saison, Sion se sert donc de la mobilité de ses milieux de terrain pour passer d’une zone à l’autre, tout en conservant le ballon. Mais pas seulement: il s’agit aussi d’en profiter pour déséquilibrer l’adversaire. C’est un des autres avantages de ce football en mouvement presque permanent: il y a des lignes de passe qui s’ouvrent à l’intérieur du bloc adverse.

Dans un football où les équipes défendent le plus souvent en zone, mais avec une orientation sur l’homme dès que celui-ci est en possession du ballon, l’anticipation est récurrente. Le duel est recherché et l’adversaire mise sur la surprise et le temps d’avance pour récupérer la balle. Ainsi, le simple mouvement est épié et légèrement suivi: il fait bouger son vis-à-vis. Plus il est mobile, plus les lignes se distendent, plus des espaces se créent et des lignes de passes s’ouvrent.

Il y a donc une quête du désordre dans les mouvements des Sédunois depuis le début de saison. Et cela ne concerne pas que les milieux, mais également les latéraux et les éléments les plus offensifs. Cela devient difficile à défendre, et Servette a régulièrement rencontré des problèmes, notamment lorsqu’il perdait la supériorité numérique dans la zone du ballon.

Des signes encourageants donc. Il y a une identité balbutiante qui semble se dégage de ce «nouveau» FC Sion. Dans la production offensive, cela demande encore une certaine concrétisation, même si avec 4,85 Expected Goals créés en trois matches, il y a un total intéressant, qui demande à être maintenu.

C’est bien tout le défi de Paolo Tramezzani et des Valaisans: s’inscrire sur une lancée dans laquelle les idées resteraient fixes. De quoi attiser notre curiosité.

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