AfriqueL’Angola vote pour choisir un président dans un scrutin annoncé serré
Le parti du président sortant part favori des élections de mercredi en Angola, mais l’opposition qui promet des réformes pourrait créer la surprise.
Les Angolais sont appelés aux urnes mercredi pour des élections législatives qui décideront du prochain président, un scrutin annoncé comme le plus serré de l’histoire du pays, entre le parti au pouvoir depuis l’indépendance et une opposition qui promet d’enrayer pauvreté et corruption.
Au pouvoir depuis l’indépendance du pays de l’empire portugais en 1975, le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA) part favori, selon les pronostics. Le président sortant Joao Lourenço, 68 ans, brigue un second mandat. Le score que réalisera une opposition revigorée ces dernières années par son leader, Adalberto Costa Junior, 60 ans, surnommé «ACJ», sera particulièrement observé.
À la tête de l’Unita, premier parti d’opposition, ACJ a mené sa campagne sur des promesses de réformes, de lutte contre la pauvreté et contre la corruption. Réputé bon orateur, il incarne pour certains cet espoir de «changement» réclamé par la rue, dans un pays riche en pétrole mais plongé dans de grandes difficultés économiques.
L’opposant séduit aussi une jeunesse urbaine, moins attachée au MPLA que ses aînés et qui hérite d’un pays rongé par des décennies de corruption sous la présidence de José Eduardo dos Santos (1979-2017). Mort le mois dernier en Espagne, l’ancien chef d’État est accusé d’avoir détourné des milliards au profit de sa famille et ses proches. Les 10 à 24 ans représentent un tiers de la population, selon des données des Nations unies.
«Il n’y a pas de démocratie avec un parti unique au pouvoir», a fustigé lundi ACJ, lors d’un meeting à Luanda. Appelant ses partisans à se rendre aux urnes, il les a exhortés à «ne pas craindre l’alternance».
Risques de fraudes
«La marge sera plus petite que jamais», estime Eric Humphery-Smith, analyste au cabinet britannique Verisk Maplecroft. Mais avec un parti au pouvoir qui a la main sur le processus électoral et les médias publics, l’opposition et une partie de l’opinion publique s’interrogent sur des possibilités de fraudes. Les réseaux sociaux ont récemment relayé des cas d’électeurs décédés pourtant inscrits sur les listes électorales.
En 2017, Joao Lourenço avait été élu avec 61% des voix, avec l’étiquette de dauphin désigné de dos Santos. Après son élection, il a rapidement pris ses distances, lançant à la surprise générale une vaste opération «mains propres» et écartant des postes clefs les proches de son ancien mentor.
L’actuel président compte l’emporter grâce à son bilan des cinq dernières années: dans une économie dépendante du pétrole en grave récession, il a lancé des réformes ambitieuses, saluées à l’étranger, pour diversifier les sources de revenus et privatiser les entreprises publiques. «Nous avons créé et restructuré notre économie», a-t-il déclaré lors d’un rassemblement le week-end dernier.
Le rapatriement du corps de José Eduardo dos Santos, quelques jours avant le scrutin, pourrait aussi favoriser le président sortant, bien que les opinions sur l’héritage laissé par l’ancien chef d’État, qui a régné sans partage pendant 38 ans, ne soient pas unanimes.
Les bureaux de vote seront ouverts de 07 h 00 du matin (06 h 00 GMT) à 18 h 00 (17 h 00 GMT) pour les 14 millions d’inscrits. Huit partis politiques sont en lice au total. Le candidat du parti vainqueur aux législatives sera investi chef d’État. Les résultats sont attendus quelques jours après la tenue du scrutin mais le délai peut être allongé en cas de contestation.