Hockey sur glace: Lausanne et Lugano, deux grands à la traîne

À quelques jours de la trêve internationale, le classement de National League commence à indiquer les premières tendances de la saison. Lausanne et Lugano, deux clubs ambitieux, ont totalement raté leur démarrage et occupent les deux dernières positions de la hiérarchie.

Les deux formations sont incapables, malgré des sursauts d’orgueil sporadiques, de lancer une spirale positive. Pourquoi réalisent-elles une entame décevante et comment peuvent-elles se relancer?

Tant Lausanne que Lugano effectuent régulièrement des mouvements lors de chaque intersaison. Ce fut encore le cas cet été avec plusieurs rocades au sein des contingents respectifs. «Je trouve que, depuis plusieurs saisons, les deux clubs n’ont ni stabilité ni continuité», souligne Valentin Wirz. Passé par les deux organisations durant sa carrière, l’ex-attaquant poursuit: «À Lugano, la direction parlait d’un projet sur trois ans avec Chris McSorley et finalement il a été licencié après à peine plus d’un an.»

En cumulant les transferts des deux équipes, le nombre de nouvelles arrivées se monte à 20 comparativement à l’exercice 2021-2022. Dans ces conditions, difficile de créer un esprit de groupe et une alchimie sur le long terme.

À force de multiplier les changements, le risque de se tromper sur un joueur s’accroît. Sur ces 16 premiers matches, la liste des nouveaux venus qui ne répondent pas aux attentes est conséquente. «Il y a eu des erreurs de casting de la part des directeurs sportifs. Oliwer Kaski, qu’on attendait comme un gros renfort à Lugano, me déçoit beaucoup», lâche Geoffrey Vauclair. L’ex-attaquant bianconero pointe également du doigt Mark Arcobello, même si l’Américain a retrouvé un rendement plus conforme à ses standards récemment. «Sa prolongation avant la saison, au regard du marché actuel et de son âge, est une erreur.»

«Quand on regarde le classement, c’est évident qu’il y a des mauvais choix dans le recrutement», insiste Valentin Wirz. Ce constat s’applique à la fois aux joueurs suisses et aux mercenaires. «À Lausanne, j’ai le sentiment qu’il y a trop de joueurs aux profils similaires», poursuit-il. L’engagement du Slovaque Richard Panik (2 points en 6 sorties) ne fait pas l’unanimité auprès de nos deux interlocuteurs.

Geoffrey Vauclair, le frère de Julien, directeur sportif du HC Ajoie, apporte un point de vue intéressant. «Une équipe ça se construit comme un puzzle maintenant. Il faut trouver la bonne pièce au bon endroit et ne plus se baser uniquement sur les statistiques passées d’un joueur.»

Les deux formations se trouvent dans une situation inquiétante. «Je me fais plus de souci pour les Bianconeri. Lausanne est proche de ses adversaires depuis quelques sorties, ils auraient pu ressortir vainqueurs plusieurs fois», glisse le Fribourgeois Wirz. À l’inverse, le Jurassien considère l’état du LHC comme plus menaçant. «Le groupe manque de leadership et je sens une grande frustration en voyant le langage corporel. De plus, les Luganais possèdent de meilleurs étrangers afin de se relancer.»

Se relancer et entamer une spirale positive, voilà l’objectif commun. Mais comment? Lugano a déjà actionné l’option changement d’entraîneur et peut compter sur un gardien étranger. «Il existe deux solutions pour les Tessinois. Le retour de Daniel Carr, excellent la saison dernière, en attaque ou la signature d’un défenseur étranger pour concurrencer Kaski», estime l’aîné des frères Vauclair.

À la Vaudoise aréna, un deuxième défenseur étranger pourrait être le bienvenu au vu des nombreuses blessures dans le secteur. Cependant, un tel mouvement entraînerait l’activation d’une 9e licence étrangère sur les 10 à disposition. «La grande question est également de savoir si John Fust est toujours écouté par son groupe», met en avant Valentin Wirz. «On est en droit de se poser la question et Lausanne possède encore cette option», déclare de son côté Geoffrey Vauclair.

Les Lions (13e avec 16 points) et les Tessinois (14e avec 15 points) peuvent se rassurer en se disant qu’ils n’ont joué que 16 parties sur les 52 au programme. En comparant à la saison dernière, la situation commence tout de même à devenir urgente. La qualification directe en play-off s’était jouée, en 2021-2022, à 87 pts, soit une moyenne de 1.7 points par match. Cela signifie que les cancres actuels de NL, afin d’atteindre ce total, doivent tourner à 2 points par match, ou plus, jusqu’au terme du championnat régulier.

Cette dernière semaine de compétition avant la trêve sera déterminante et donnera de nouvelles indications sur la valeur de deux équipes. Ce sprint débute mardi à Rapperswil pour le LHC alors que Lugano accueille son rival tessinois dans un derby entre deux équipes en panne de confiance.