Hockey sur glaceRüegsegger, héros chaux-de-fonnier et libérateur d’émotions
En marquant le but de la victoire face à Olten (3-2 ap) lors de l’acte III de la finale des play-off de Swiss League, l’attaquant de 24 ans a enflammé toute une patinoire dimanche. Il s’est confié sur cet instant décisif.
- par
- Chris Geiger La Chaux-de-Fonds
Il fallait avoir le cœur bien accroché dimanche soir aux Mélèzes tant les dernières minutes de l’acte III de la finale des play-off de Swiss League ont été fortes en émotions. Si fantastique et si décisif depuis le début des séries pour le titre, Sondre Olden a été, bien malgré lui, l’un des principaux protagonistes de cette folle fin de match. Car l’ailier norvégien, en ratant son face-à-face avec Dominic Nyfeller, puis en écopant dans la foulée d’une pénalité mineure (58e), a totalement relancé les actions d’Olten, alors que La Chaux-de-Fonds menait 2-1 et filait vers un troisième succès de rang.
La formation soleuroise, loin d’avoir abdiqué, a pleinement profité de la punition infligée au top scorer du HCC pour recoller au score à 43 petites secondes de la fin du temps réglementaire par l’intermédiaire de Timothy Kast, un ancien de la «maison». Le momentum avait changé de camp.
Persévérance récompensée
Le vent dans le dos, les Souris ont entamé pattes au plancher le début de la prolongation et ont totalement dominé les débats. Sans toutefois faire preuve d’efficacité. Tout le contraire de Stefan Rüegsegger, improbable héros pour des Abeilles qui volent à toute vitesse vers le titre de deuxième division (3-0 dans la série). L’attaquant de 24 ans, auteur de son deuxième but depuis le début des play-off, ne s’est pas fait prier pour endosser la cape et mettre le feu aux Mélèzes.
«Deux minutes auparavant, j’avais quasiment eu la même opportunité, rappelle l’auteur de la réussite victorieuse au terme d’une rupture supersonique (66e, 3-2). La deuxième fois, j’ai essayé d’au moins cadrer mon tir. Comme je ne savais pas vraiment où je voulais shooter, le gardien ne savait probablement pas non plus ce que j’allais faire. Ce n’était peut-être pas plus mal.»
Plein de modestie, l’homme du match n’a pas voulu se mettre en avant à l’issue de la rencontre, confirmant le bon état d’esprit qui règne au sein du vestiaire neuchâtelois. «En play-off, quand tu marques un tel but, tu es effectivement le héros dans les minutes qui suivent, dit-il sobrement. Mais c’était avant tout une victoire d’équipe. On a mené 1-0, mais Olten est revenu. On a mené 2-1, mais Olten est parvenu à égaliser dans la dernière minute. Ça a été assez dur à encaisser, mais on a continué à jouer notre jeu et à essayer de tirer tous les pucks sur le but adverse. Ça a fini par marcher.»
La délivrance est donc venue de la crosse du No 89 du HCC, qui est allé puiser sa force dans les encouragements et la ferveur du public des Mélèzes. «Plus le match avançait, plus c’était dur, reconnaît Stefan Rüegsegger. Il fallait continuer de pousser et de donner le 100% à chaque shift malgré la fatigue. Mais il y a plus de 5000 personnes à chaque match, la patinoire est pleine à ras bord. Ça te procure tellement d’émotions. Quand tu es en fin de shift et que tu es fatigué, tu entends le public t’encourager. Ça te donne une sacrée énergie. Alors quand tu marques un tel but, c’est juste fou d’entendre une foule si bruyante.»
Sur le banc, Louis Matte était aux premières loges pour assister à ce but décisif synonyme de troisième point dans cette série pour le titre qui tient pour l’heure toutes ses promesses. «Je dois avouer que je ne l’ai pas vu, se marre celui qu’on pourra bientôt surnommer le «sorcier blanc». Tout ce que je peux dire, c’est qu’on avait de la peine à sortir le puck de notre camp. Puis on a enfin réussi à contrer. Là, j’ai simplement vu le puck rouler derrière la ligne rouge. Le seul truc que je me suis dit à cet instant, c’est: ‘Enfin!’»
Il faut dire que le suspense est clairement le fil rouge de cette finale jusqu’à présent, avec déjà deux rencontres qui se sont terminées au-delà du temps réglementaire. De quoi être pris de palpitations dans le «money time».
«Quand le puck s’approche de la ligne de but, tu as le cœur qui vire à l’envers, admet volontiers le sympathique entraîneur chaux-de-fonnier. Mais il faut essayer de garder son calme, de rester concentré, de gérer son banc et de garder ses joueurs «focus». Le plus gros boulot que j’ai eu à faire (ndlr: dimanche), c’était après la troisième période. Mon boulot était de garder mes joueurs en vie, de leur dire qu’on était la meilleure équipe sur la glace et qu’on méritait cette victoire, qu’il ne fallait pas se sentir coupable, qu’il fallait trouver l’énergie et la force de revenir, que les bonnes équipes trouvaient toujours le moyen de gagner.»
Au regard des scénarios des trois premiers duels, le HCC est incontestablement une excellente équipe. Qu’elles soient doublement menées (acte I), provoquées et agressées (acte II) ou rattrapées sur le gong (acte III), les Abeilles finissent toujours par avoir le dernier mot. Avec, cette fois, Stefan Rüegsegger dans le rôle du héros.