TennisJo-Wilfried Tsonga termine sa carrière sur une défaite admirable
L’ex No 5 mondial a tiré sa révérence sur une défaite héroïque au 1er tour de Roland-Garros face à Casper Ruud (8e), après 3h49 de lutte.
Cette fois, c'est fini pour de bon: Jo-Wilfried Tsonga, ex-No 1 français et No 5 mondial, a été éliminé mardi au 1er tour de Roland-Garros par le Norvégien Casper Ruud (8e mondial) 6-7 (6/8), 7-6 (7/4), 6-2, 7-6 (7/0). À 37 ans, il range ses raquettes définitivement, comme annoncé.
Malgré le soutien inconditionnel et bruyant du public, malgré une résistance parfois digne de ses beaux jours, Tsonga – blessé à l'épaule droite en toute fin de partie et en pleurs sur la balle de match - tire sa révérence après 17 ans et demi sur le circuit où il s'est bâti l'un des plus beaux palmarès du tennis français.
De son côté, Ruud affrontera le Finlandais Emil Ruusuvuori (61e), vainqueur d'un autre Français, Ugo Humbert (46e).
Des éclairs du Tsonga d'antan
Avant de quitter cette scène mondiale où il a conquis le public avec son jeu spectaculaire, Tsonga s'est offert une belle dernière danse: 3h49 de plaisir, offrant aux spectateurs un spectacle qui a par moments rappelé le grand joueur qu'il a été. Des éclairs du Tsonga d'antan ont ainsi traversé le court et fait frissonner de plaisir le public jusqu'au bout: quelques gros services, de puissants coups droits suivis au filet pour conclure sur un énorme smash, des séries d'immenses gifles de coup droit qui finissent par dépasser son adversaire.
Dans le tie break du premier set, c'est même le Grand Jo – bien différent de celui qui enchaîne les défaites au premier tour ces derniers mois - qui s'est retrouvé sur le court: puissant, physique, remonté. S'il a manqué ses deux premières balles de set, il a converti la troisième, provoquant une explosion de joie dans le public et un hurlement de rage de sa part. Mais quelques jeux plus tard, Ruud a réussi le premier break de la partie pour mener 4-3. Vigilant, Tsonga a immédiatement débreaké en contrant de son coup droit dévastateur une attaque de Ruud. Les deux hommes en sont arrivés au jeu décisif, mais cette fois, c'est Tsonga qui a craqué.
La troisième manche a rapidement tourné à l'avantage du Norvégien, qui a réussi un premier break pour mener 3-1 puis un second pour boucler le set. Contrairement à ce que l'on pouvait craindre, Tsonga ne s'est pas effondré pour autant. Et il a même réussi le break blanc pour mener 6-5 dans la 4e manche. Après une émouvante Marseillaise entonnée par près de 15’000 personnes durant le changement de côté, Tsonga a alors servi pour pousser le match dans un set décisif. Malheureusement, c'est un Tsonga blessé qui s'est alors présenté au service: il était soudain incapable de frapper la balle normalement au point de servir à la cuiller. L'épaule droite visiblement très douloureuse, ce qui pourrait être un problème pour sa participation au double avec Richard Gasquet, il a laissé Ruud revenir à 6-6 et appelé le physiothérapeute avant de jouer le tie break. Ce dernier n'a pas fait de miracle, Tsonga non plus. Et son ultime balle de match, il l'a jouée en pleurs devant un stade debout.
L’un des plus beaux palmarès du tennis français
Depuis son premier match sur le circuit ATP en septembre 2004, une victoire contre le No 6 de l'époque Carlos Moya, jusqu'à ce dernier perdu à Roland-Garros, Tsonga peut se targuer d'être l'un des trois seuls joueurs à avoir battu Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic lorsqu'ils étaient N° 1 mondiaux. Il est également l'un des trois seuls joueurs à avoir battu ces trois ainsi qu'Andy Murray en Grand Chelem.
Tsonga possède l'un des plus beaux palmarès du tennis français: 18 titres (seul Noah a fait mieux), 45 victoires contre le top 10, au moins deux victoires contre tous les membres du «Big 4» (Federer, Nadal, Djokovic et Murray), des quarts de finale joués dans les quatre Majeurs et une finale à l'Open d'Australie (2008). Sans compter une médaille d'argent en double avec Michaël Llodra aux Jeux olympiques de Londres en 2012 et des exploits en Coupe Davis, jusqu'au titre en 2017, avec ses compères Gilles Simon, Richard Gasquet et Gaël Monfils, les nouveaux Mousquetaires se retrouvent à trois et bientôt à deux puisque Simon arrêtera à la fin de l'année.
Il ne manquera à Tsonga que ce titre du Grand Chelem qui sacre les plus grands. Un titre d'autant plus compliqué à décrocher qu'il a fait sa carrière durant le règne du «Big 4». Il a eu sa chance en 2008 quand il a atteint la finale de l'Open d'Australie, où il a cédé face à Novak Djokovic qui remportait, lui, le premier de ses 20 Majeurs à ce jour.