Cyclisme: Tadej Pogacar: «Le cyclisme, ce n’est pas si compliqué en fait»

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CyclismeTadej Pogacar: «Le cyclisme, ce n’est pas si compliqué en fait»

Le Slovène a gagné deux tiers des courses auxquelles il a participé cette saison. Il sera encore le grand favori de Liège-Bastogne-Liège dimanche. Et ça ne lui fait pas franchement peur.

Robin Carrel Bilzen
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Robin Carrel Bilzen
Lors de la reconnaissance et au soleil, le Slovène s’est bien marré aux cotés du Bernois Marc Hirschi.

Lors de la reconnaissance et au soleil, le Slovène s’est bien marré aux cotés du Bernois Marc Hirschi.

AFP

Sur Liège-Bastogne-Liège, vous êtes plus au courant du parcours par rapport à la Flèche Wallonne, où vous ne connaissiez pas le nom des monts?

Oui, je crois que je les ai faits dix fois maintenant. Cette édition sera intéressante. Vraiment, le nouveau parcours me plaît. Cette édition 2023 est sans doute encore un peu plus dure, notamment à cause du changement dans le parcours. Après la Côte de la Redoute, ça remonte assez vite. Ce sera sans doute le moment le plus difficile. Avant, il y avait un moment de répit et un peu de temps pour récupérer. Là, ça remonte direct. Ce n'est pas un gros bouleversement, mais ça change un peu.

Il risque de faire mauvais temps...

J'ai passé le début de saison dans des conditions pas faciles. Je crois qu'on a seulement eu du beau temps sur la Flèche Wallonne mercredi et, avant, sur Milan-Sanremo. On peut tout à fait en faire une de plus sous la pluie pour moi. Les conditions sont de toute façon les mêmes pour tout le monde.

Tout le monde annonce un duel entre vous et Remco Evenepoel dimanche. Quelles sont vos relations avec lui?

Franchement, on a très peu couru ensemble jusqu'ici. Mais on a beaucoup de respect l'un pour l'autre. J'espère qu'on connaîtra chacun une course normale et que ce sera un bel affrontement. Nous sommes deux des principaux favoris, mais il y a aussi d'autres équipes qui ont pas mal de cartes à jouer. C'est une épreuve si longue (ndlr: plus de 250 kilomètres) qu'on n'est pas à l'abri que d'autres formations puissent peser sur la course. Moi, je ne regarderai pas que Remco. Il y a plein de bonnes autres équipes comme Ineos, EF ou Israel. Je ne veux pas toutes les nommer, parce que je pourrais parler de toutes les formations qui seront en lice. Elles viennent toutes sur une course de cet acabit avec au moins un gars en leur sein qui peut l'emporter au final.

Il paraît qu'on vous a vu récemment dans le magasin de cycles de Philippe Gilbert, qui a une échoppe à Monaco…

C'est un grand nom du vélo et j'ai couru quelques fois contre lui. Je vais des fois voir sa boutique, parce que c'est toujours sympa d'aller se promener et inspecter les nouveautés. Moi, j'ai un gros respect pour lui. Il est allé rouler vendredi avec Remco Evenepoel à l'entraînement et peut-être qu'il préfère donner des conseils à son compatriote belge (ndlr: et ancien coéquipier) plutôt qu'à moi, c'est normal. On avait eu le temps de parler un peu mercredi au pied du podium à Huy. C'est lui qui m'avait remis le prix, après que j'ai gagné le Flèche Wallonne.

Vous avez quasiment tout gagné ce mois-ci. Comment est la forme? Toujours aussi bonne malgré l'enchaînement des courses?

Oui, mais franchement, cette période des Classiques est longue. J'étais à Paris-Nice avant et je pense que j'ai commencé à être au top sur Milan-Sanremo (ndlr: où il a fini 4e). Depuis ce jour, la condition est toujours à peu près la même, je crois. On verra dimanche si je suis encore aussi bon. Les jambes se portent bien. À l'entraînement ce vendredi, je me suis bien senti.

Les jambes ont l'air d'aller, mais qu'en est-il du mental? Avez-vous encore faim?

Je peux vous assurer que la motivation est toujours là. Liège-Bastogne-Liège est quand même une des plus grandes courses du calendrier. Je l'ai gagnée une fois et je sais que je peux être bon sur ce genre de parcours. Ensuite, après Liège, il me faudra du repos. Je vais peser sur le bouton «reset» et repartir sur un nouveau challenge (ndlr: il fera le Tour de Slovénie, avant de tenter de retrouver sa couronne sur le Tour de France).

Quel serait votre scénario préféré ce dimanche?

Arriver tout seul sur la ligne d'arrivée... On verra comment ça va se passer. On devra sans doute contrôler la course dès le départ et, si on en est capable, la durcir à partir du 150e ou 160e kilomètre. Je pense que ce sera une édition très ouverte. Surtout si les conditions sont rendues difficiles par des précipitations. Je crois que ce sera intéressant à regarder dès les premiers kilomètres!

Et si ça arrive au sprint contre Remco, vous la sentez comment?

Je pense qu'il va assez vite dans cet exercice. On l'a vu cette année et lors de la saison 2022. Il a une grosse capacité d'accélération. Je n'ai jamais sprinté contre lui au cours de ma carrière et je ne peux pas en parler, faute d'expérience. Mais je crois qu'il n'a jamais été mauvais dans ce cas de figure. Le truc, c'est qu'il a quand même tendance à gagner en arrivant tout seul. Du coup, il n'a pas sprinté à de nombreuses reprises au cours de sa carrière, donc c'est dur à dire.

Votre première victoire à Liège, en 2021, était votre premier monument. Quel souvenir en gardez-vous?

C'était la quatrième fois que je viendrai. Je me rappelle aussi de mon podium en 2020, après le Covid, où j'avais fini 3e dans la foulée du Tour de France. L'année suivante, je l'ai gagné. C'était un moment énorme.

Après la Flèche Wallonne, certains observateurs ont trouvé que votre victoire n'était pas si impressionnante que ça.

(Agacé) OK, mais je ne sais pas comment tu peux le faire de manière plus brillante... Et puis moi, tout ce que je sais, c'est que je l'ai emporté au final. Il n'y a pas de bataille mentale. Le cyclisme, ce n’est pas si compliqué  en fait.

Il y a le «hat-trick» sur les Ardennaises en vue. Ce serait un but d'atteint?

Déjà, gagner l'Amstel Gold Race, je ne pensais jamais en être capable. Comme les Flandres il y a deux semaines d'ailleurs. Tout mon printemps a été magnifique (ndlr: il est relancé sur ce qu'il préfère entre les Classique et le Tour de France). Ah, si je dois choisir, ce serait une fois toutes les Classiques de printemps et l'autre année la Grande Boucle. Mais Liège-Bastogne-Liège est peut-être le Monument qui me sied le mieux. C'est sur ce genre d'épreuves que j'ai eu pour l'instant mes meilleurs résultats. C'est tellement demandeur. Les montées sont dures, longues... C'est un des endroits où ça teste longtemps tes limites sur le vélo.

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