Ocean VikingGiorgia Meloni dénonce la réaction de l’Élysée
Elle pointe du doigt les sanctions prononcées par Paris, à la suite du refus du gouvernement italien de laisser accoster un navire transportant 230 migrants sur ses côtes.
La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, fustige vendredi une réaction française qu’elle qualifie d’«agressive, incompréhensible et injustifiée». Paris a annoncé des mesures de rétorsion envers Rome qui a refusé de faire accoster Ocean Viking, un navire transportant 230 migrants, contraignant la France à l’accueillir.
Elle a toutefois assuré vouloir trouver «une solution européenne» à la question migratoire. «Ce n’est pas intelligent de se disputer avec la France, l’Espagne, la Grèce, Malte ou avec d’autres pays. Je veux chercher une solution commune», a-t-elle souligné.
Ocean Viking est arrivé vendredi au port de Toulon, dans le sud de la France, et «un tiers» des passagers migrants seront «relocalisés» en France, a annoncé Paris qui a critiqué le «choix incompréhensible» de l’Italie de ne pas accepter le navire humanitaire.
En guise de protestation, la France a décidé de suspendre «à effet immédiat» l’accueil prévu cet été de 3500 réfugiés actuellement en Italie.
La France «tirera aussi les conséquences» de l’attitude italienne sur les autres aspects de sa «relation bilatérale», a affirmé le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
«Quelque chose ne fonctionne pas» dans la gestion migratoire
Mme Meloni a pour sa part repris les justifications avancées la veille par son ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, qui avait rétorqué à son homologue français que l’Italie avait accueilli cette année près de 90’000 migrants alors que les pays européens qui s’étaient engagés à l’aider et à prendre en charge 8000 personnes n’en avaient finalement accueilli que 117.
«Quelque chose ne fonctionne pas» dans la gestion européenne des migrants, a estimé Mme Meloni, soulignant qu’«il n’est écrit dans aucun accord» que l'Italie doit être «le seul port possible de débarquement en Méditerranée».
Mme Meloni a souligné que «le jour même» où a commencé le différend autour du navire Ocean Viking, l’Italie «a accueilli 600 migrants sur ses côtes».
Paris compte régler l’affaire «rapidement»
La France veut décider «très rapidement» du sort des migrants débarqués vendredi du navire humanitaire Ocean Viking, notamment en jaugeant dans un délai de «quarante-huit heures» de la pertinence de leur demande d’asile, ont annoncé les autorités françaises.
L’entretien «n’a pas pour objet de statuer sur la demande d’asile mais de déterminer si celle-ci doit être considérée ou non comme manifestement infondée», a insisté vendredi matin, le directeur général des étrangers (DGEF) au ministère de l’Intérieur, Eric Jalon.
Pour accélérer la procédure, «l’Ofpra a prévu de mobiliser dès ce week-end, seize agents pouvant réaliser jusqu’à 90 entretiens par jour», a-t-il déclaré.
«Pour les personnes dont la demande d’asile serait manifestement infondée, qui présenteraient un risque sécuritaire, nous mettrons en œuvre (...) les procédures d’éloignement pour qu’elles regagnent leur pays d’origine», a prévenu M. Jalon.