Neuchâtel: «Je suis terrassé par la destruction de ma ferme»

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Neuchâtel«Je suis terrassé par la destruction de ma ferme»

L’acquéreur du domaine agricole incendié mardi matin au Cerneux-Péquignot est effondré par le dernier épisode du bras de fer qui l’oppose au paysan resté sur place.

Vincent Donzé
par
Vincent Donzé
Depuis le XVIIIe siècle, la ferme du lieu-dit Le Creux était posée dans un décor de cartes postales.

Depuis le XVIIIe siècle, la ferme du lieu-dit Le Creux était posée dans un décor de cartes postales.

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L’incendie d’une ferme mardi matin au Cerneux-Péquignot (NE) est dévastateur pour l’acquéreur de ce domaine agricole: «C’est une catastrophe! Je suis terrassé par la destruction de ma ferme», confie cet octogénaire bernois. Ce sinistre intervient au cœur d’un conflit qui oppose cet éleveur au paysan opposé à la vente forcée organisée par l’Office des poursuites de La Chaux-de-Fonds.

Le Ministère public neuchâtelois a confirmé que «cet incendie intervient alors qu’une procédure civile relative à la liquidation du domaine agricole est en cours». Le paysan qui refuse de quitter sa ferme a été interpellé par la police neuchâteloise en vue de son audition. Il a été vu s’en aller mardi matin dix minutes avant l’incendie, au lieu-dit Le Creux.

Six épisodes

Le récit du conflit qui oppose cet agriculteur alémanique au nouvel acquéreur a été raconté en six mois et autant d’épisodes par le magazine «Schweizer Bauer». Ce bras de fer a débuté l’été dernier par la vente aux enchères qui a réuni une cinquantaine de curieux et d’intéressés, comme l’a relaté «ArcInfo».

La vente était ordonnée par l’Office des poursuites, sur demande de l’Office des perceptions. Le propriétaire avait contracté des dettes auprès de divers créanciers et le soutien financier qu’il disait avoir trouvé en dernier recours n’a pas été pris en compte.

Franches-Montagnes

Le couple bernois qui a acquis ce domaine de 64 hectares pour 1,45 million de francs avait l’intention d’y élever des chevaux Franches-Montagnes pour pérenniser une race qui leur tient à cœur. L’exploitation qui semblait mal entretenue était alors spécialisée dans la production laitière, mais en dessous du seuil de rentabilité.

Le domaine comprenait une ferme neuchâteloise typique du milieu du XVIIIe siècle, avec un logement de cinq pièces et demie, une étable en stabulation entravée et divers entrepôts et remises. Avec sa destruction, c’est un témoin du patrimoine qui s’en est allé, même si les murs de pierres tiennent encore debout.

Il ne reste de cette ferme classée monument historique que les murs et deux cheminées.

Il ne reste de cette ferme classée monument historique que les murs et deux cheminées.

Police cantonale neuchâteloise

Les ruines ne sont pas accessibles, mais le nouveau propriétaire s’est rendu sur place et y retournera pour, dit-il, arracher les chardons et les rumex néfastes dans la prairie. Que fera-t-il de son domaine? Le reconstruire? «L’argent me manque», répond-il sans croire à une prise en charge par une assurance. Le vendre? «La perte financière serait trop grande», dit-il.

En s’appuyant sur un jugement du Tribunal fédéral, l’ancien propriétaire qui n’a pas encore perçu le produit de la vente conteste à l’acquéreur le droit d’avoir misé, sachant qu’il n’est pas agriculteur. Ce dernier prévoyait de louer la ferme à sa belle-fille agricultrice, mais une rénovation complète s’imposait, y compris pour le traitement du purin.

Dans le voisinage en froid avec l’agriculteur du Creux, l’incendie de sa ferme paraît suspect. À plusieurs reprises, ce paysan a appelé la police en suspectant l’intervention d’un incendiaire. Mais l’acquéreur de sa ferme reste prudent: «L’incendie a peut-être été provoqué par une défectuosité technique», soupire-t-il.

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