Emmanuel Macron aimerait voir Zidane au PSG

Emmanuel Macron a peut-être trouvé la parade. Pas pour régler d’un coup tous les soucis de la République française, évidemment. Mais pour faire diversion dans une actualité pas toujours rigolote et pour diluer un air ambiant parfois pesant. Le président a choisi une excellente solution, un levier parfait: le football. Plus précisément, le Paris Saint-Germain, ses stars et sa caisse de résonance. Après avoir pris sa part de lumière dans le dossier Kylian Mbappé, le chef de l’État vient d’adresser un appel du pied à une autre icône nationale, Zinédine Zidane. Après la mission Kiki, l’opération Zizou? Ce serait parfait pour les sondages et l’idée d’une cohésion nationale.

C’était mercredi à Clichy-sous-Bois. À quelques jours des élections législatives de dimanche, Emmanuel Macron était là pour évoquer une aide à l’accès aux sports pour les jeunes les plus démunis. Il a fustigé l’incivilité dans les stades et sur les terrains, rappelé quelques vérités basiques qui ne mangent pas de pain, mais vendent du rêve: «Le sport, c’est une discipline formidable qui est bonne pour le corps, pour l’esprit, et qui fait des citoyens aussi.»

Comme bien de ses prédécesseurs ou congénères, le président français a compris que le sport, le football en particulier, pouvait aussi s’avérer formidable pour son image de marque; et le moral des troupes. Alors quand le journaliste de RMC l’a branché sur le dossier Zidane au PSG, le politicien a paru ravi de donner son avis sur l’éventualité. «Je n’ai pas parlé à Zinédine Zidane, mais j’ai une immense admiration pour lui, le joueur, l’entraîneur, a commencé Emmanuel Macron, avec des petits judokas qui s’ébattaient en toile de fond sur le tatami bleu. On a très envie d’avoir dans le championnat français un sportif et un coach de ce talent, qui a su ramener trois grandes coupes (ndlr: la Ligue des champions, avec le Real Madrid) que nous convoitons beaucoup pour nos clubs. Donc je souhaite, pour le rayonnement de la France, qu’il revienne, qu’il vienne entraîner un grand club français. Ce serait formidable.»

Supporter assumé de l’Olympique de Marseille, amateur de ballon rond, Emmanuel Macron, qui avait déjà bien profité de la vitrine Mondial 2018 avec la victoire des Bleus en Russie, entend continuer à quadriller le terrain. «C’est mon rôle, simplement, de dire que la France est une grande nation de sport mais aussi de foot. Il y a des publics formidables, qui aiment ce sport. C’est important pour nous que les meilleurs qu’on a formés, qui ont parfois rayonné à l’international, puissent revenir.»

Zinédine Zidane sur le banc du Parc des Princes? Le mariage a longtemps semblé impossible. Parce que l’ex-No 10 des Bleus est un Marseillais pure souche, parce qu’il lorgne sur le poste de sélectionneur occupé par Didier Deschamps au moins jusqu’en décembre. Parce que Zizou semblait trop les pieds sur terre pour s’engager dans un projet qui, rayon football, marchait sur la tête. Maintenant que Kylian Mbappé a rempilé au PSG contre toute attente, tout semble à nouveau possible. Y compris un projet sportif cohérent. Y compris la venue d’un Zidane pour mettre de l’ordre dans le vestiaire et le projet. Les rumeurs en ce sens ont repris l’ascenseur, ces derniers jours dans l’Hexagone.

Durant son intervention de mercredi sur RMC, Emmanuel Macron n’a pas manqué de rappeler, même indirectement, son petit rôle dans la décision de Kylian Mbappé de prolonger l’aventure parisienne. «J’ai pu lui parler, mais il a fait son choix en conscience et, il l’a montré, il est très mûr, a déclaré le président. Il construit sa carrière, son engagement, avec beaucoup de sens des responsabilités.»

Le joueur, dans son discours de réinvestiture à Paris jusqu’en 2025, avait davantage ressemblé à un ambassadeur ou à un ministre qu’à un footballeur. En costard-cravate, le ton posé, presque solennel, il avait souligné à maintes reprises sa volonté d’appartenir à un projet français, pour la France. Du pain béni pour Emmanuel Macron. Car ce que les personnalités politiques de tous bords ne parviennent pas à réaliser depuis des décennies, des stars du foot peuvent le faire. Réunir les gens, donner l’illusion que tout va bien un soir de victoire, c’est aussi leur métier.

Bref, si Zidane ne vient pas au Paris Saint-Germain ce printemps, Emmanuel Macron pourra toujours dire qu’il aura tout tenté. Et s’il vient, alors que sa statue coup de boule vient d’être rapatriée dans un musée à Doha, le politicien pourra se faire valoir. Zizou, qui avait été l’un des premiers ambassadeurs du Qatar dans sa conquête du football posera-t-il ses valises au Parc, non loin de cet Arc de triomphe sur lequel il s’était affiché un soir de liesse en juillet 1998? S’il répondait oui, le slogan du PSG («Rêvons plus grand») reprendrait sens. Le choix de Kylian Mbappé aussi. Et les petites phrases d’Emmanuel Macron avec.