Conseil fédéralLes sept Sages de la campagne, une «menace» pour la cohésion du pays
Les centres économiques n’ont pas de représentant au Conseil fédéral. Pour compenser, le chef des villes demande que des politiciens urbains soient élus au Parlement, rapporte le «SonntagsBlick».
Dans le «SonntagsBlick» du jour, des politiciens de tous bords déplorent que les grandes villes du pays ne soient plus du tout représentées au Conseil fédéral. À commencer par Élisabeth Schneider-Schneiter (Le Centre/BL), qui ne décolère toujours pas après l’élection d’Élisabeth Baume-Schneider. La quasi homonyme de la Jurassienne estime même «inquiétant» qu’avec l’élection de cette dernière et celle d’Albert Rösti, les villes n’ont plus de représentants au Conseil fédéral. Une exclusion des grandes villes qui constituerait même une «menace pour la cohésion du pays».
Lee socialiste Beat Jens, président du gouvernement de Bâle-Ville, estime que l’absence des villes sous la Coupole explique aussi pourquoi celles-ci ont l’impression que les moteurs économiques ne sont pas assez entendus dans la politique fédérale. À Berne, on n’aurait tout simplement pas conscience de leur rôle central, par exemple en matière de politique européenne au vu de leurs contacts internationaux.
Discrimination fiscale des villes
Autre socialiste, et citadine, la conseillère nationale zurichoise Jacqueline Badran note qu’elle fait partie d’une espèce rare au Parlement. Selon elle, la discrimination des villes serait systématique, et se ferait le plus ressentir au niveau fiscal. Ainsi, les baisses régulières d’impôts sur les entreprises creuseraient d’énormes trous, surtout dans les caisses des villes.
Pour le président des Verts libéraux Jürg Grossen (BE) aussi, les centres urbains «doivent montrer à quel point ils sont importants pour la prospérité de la Suisse en tant que moteur économique». Un lobbying plus important serait toutefois insuffisant à cette fin, selon Jacqueline Badran. Car la position des villes est faible tant face à la Confédération que face aux cantons forts. Une situation que la Zurichoise estime être renforcée encore par la surreprésentation structurelle des cantons ruraux au Conseil des États.
Pour y remédier, la Zurichoise propose d’accorder aux villes une voix de canton ou qu’elles puissent «former leurs propres cantons» et atténuer ainsi «la surpuissance rurale au Conseil des États». Elle plaide ainsi pour l’application systématique du principe constitutionnel selon lequel la situation particulière des villes doit être prise en compte. Ce qui n’est pas le cas jusqu’à présent.
Une «chambre des villes» sous la Coupole
Pour Anders Stokholm (PLR), maire de Frauenfeld (TG) et président de l’Union des villes suisses (UVS), il faut aussi plus de citadins au Parlement. Selon lui, «les partis devraient veiller à ce que des représentants des villes figurent aussi aux premières places» lorsqu’ils composent leurs listes électorales. Il propose une piste de réflexion innovante – qui n’est pas une revendication, comme il le souligne: la création d’une Chambre des villes à côté du Conseil national et du Conseil des États, afin d’aider les villes à se faire entendre suffisamment.
Nos sept Sages hors des grandes villes
Comme le rappelle le «SonntagsBlick», nos conseillères et conseillers fédéraux vivent tous dans de petites villes ou villages:
Guy Parmelin: Bursins (VD), 770 habitants;
Élisabeth Baume-Schneider: Les Breuleux (JU) , 1500 habitants;
Alain Berset: Belfaux (FR), 3400 habitants;
Ignazio Cassis: Collina d’Oro (TI) 4650 habitants;
Albert Rösti: Uetendorf (BE), 6000 habitants;
Viola Amherd: Brigue (VS), 12’000 habitants;
Karin Keller-Sutter: Wil (SG), 24’000 habitants.