Cinéma: Le magicien derrière les affiches d’«Indiana Jones»

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CinémaLe magicien derrière les affiches d’«Indiana Jones»

Alors que le poster officiel du cinquième film a été révélé, retour sur le travail du graphiste Drew Struzan qui a créé les affiches des quatre premières aventures de l’archéologue au fouet.

Laurent Siebenmann
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Laurent Siebenmann
L’affiche d’«Indiana Jones et le Temple maudit», parfait condensé d’aventures signé par Drew Struzan, en 1984.

L’affiche d’«Indiana Jones et le Temple maudit», parfait condensé d’aventures signé par Drew Struzan, en 1984.

Lucasfilm

Vendredi dernier, les studios Disney dévoilaient une nouvelle bande-annonce du film «Indiana Jones et le cadran de la destinée», lors de la Star Wars Celebration. À cette occasion, le public a également découvert l’affiche officielle du long-métrage tant attendu mettant une cinquième fois Harrison Ford dans la peau du célèbre archéologue au fouet.

Si cet épisode est, pour la première fois, réalisé par un autre cinéaste que Steven Spielberg – en l’occurrence James Mangold s’y colle –, certaines traditions semblent parfaitement respectées. Dont le style d’affiche qui a prévalu tout au long de la saga.

Sorti en 1981, le poster du film «Les aventuriers de l’Arche perdue» s’inscrivait parfaitement dans la façon dont étaient alors réalisées ces petites merveilles. Loin des photos ou, pire, des photomontages en usage aujourd’hui, ces affiches étaient dessinées par les meilleurs graphistes de la planète.

Style réaliste

C’est le dessinateur américain Drew Struzan qui signe cette première affiche. Son style réaliste colle parfaitement au film, mêlant divers éléments forts du récit (notamment Indy, son chapeau et son fouet sont mis en valeur, mais aussi Marion et les serpents ou encore la petite statue au début du film). La dominante de couleurs brunes et l’aspect parcheminé, poussiéreux de l’ensemble annoncent une aventure palpitante. Une tonne d’affiches de l’époque reprendront les codes visuels et l’architecture de ce poster.

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Pour le deuxième épisode, «Indiana Jones et le Temple maudit» (1984), Drew Struzan est à nouveau à la manœuvre. Son style est désormais célèbre. On lui doit, entre autres, les merveilleuses affiches de la saga «Star Wars», «Retour vers le futur», «Les Goonies» ou «E.T. l’extraterrestre». Avec ce parfait mélange de photoréalisme et de bande-dessinée, il donne graphiquement au poster de ce nouveau film un style de serial qui colle parfaitement avec l’esprit du métrage voulu par George Lucas et Steven Spielberg. Aux têtes des principaux protagonistes, empilées, s’ajoutent trois scènes résumant l’ambiance du long-métrage: les éléphants, Indy face aux Thugs armés de sabres et l’ignoble grand prêtre Mola Ram, en pleine procession.

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En 1989, pour le troisième épisode, «Indiana Jones et la dernière croisade», Drew Struzan fait encore plus fort. Revenant aux tonalités brunes du premier film, il inscrit l’action du film dans un rectangle dont les coins accueillent les visages de quatre parmi les principaux personnages. Au centre, toujours dominant, la figure de l’aventurier trône, accompagnée de celle de son père, joué par Sean Connery. Sous les deux héros, Indy cavale sur fond de soleil couchant, poursuivi par une horde de nazis. C’est sans doute le poster le plus réussi. Tout est dit en une image. Chapeau, Maestro!

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Sorti dix-neuf ans après «La Dernière croisade», à une époque où les affiches de films étaient devenues essentiellement photographiques, «Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal» (2008) n’a pas failli à la tradition, au grand soulagement des fans. Une fois encore, le graphiste Drew Struzan est appelé à la rescousse pour réaliser le poster de cette quatrième aventure, toujours signée Spielberg. Avec son style incomparable, désormais totalement lié à Indy, il propose une jolie composition, à nouveau largement dominée par le visage de l’homme au fouet. On ne change pas une formule qui gagne: les autres protagonistes entourent un des fameux crânes de cristal extraterrestres. L’archéologue apparaît en bas d’affiche, poursuivi par des indigènes. Une scène qui n’est pas sans rappeler la scène d’ouverture du premier film. Sobre et efficace.

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Le poster d’«Indiana Jones et le Cadran de la destinée»

C’est donc «le petit nouveau» de la collection. Et un événement. Excellente nouvelle, le poster officiel d’«Indiana Jones et le Cadran de la destinée» s’inscrit dans la tradition. Soucieux, sans doute, de rassurer les aficionados de la saga, le réalisateur James Mangold a commandé une affiche dessinée qui ne dépareille pas avec ses prestigieuses prédécesseures. Pour la première fois, ce n’est pas Drew Struzan – à 76 ans, l’artiste est à la retraite – qui l’a conçue mais Tony Stella. Si le trait du graphiste n’est pas exactement le même que Struzan, la composition du poster ne varie pas. Indy trône au centre de l’image et les protagonistes autour de lui. Des scènes d’action prennent également place, tout comme le mystérieux cadran. On notera les couleurs plutôt terreuses rouges qui ne sont pas sans rappeler «Le Temple maudit». Mais ce qui frappe surtout, c’est la modification du logo «Indiana Jones» que les fans les plus fidèles n’ont pas manqué de fustiger.

«Indiana Jones et le Cadran de la destinée» sera projeté le 18 mai prochain, en avant-première mondiale, au Festival de Cannes. Puis il sortira le 28 juin, dans les salles de Suisse romande.

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Drew Struzan, le roi de l’affiche

Né le 18 mars 1947 à Portland, Drew Struzan est diplômé de l’Art Center College of Design. Il signe sa première affiche de film en 1976, pour le long-métrage «Soudain… les monstres». Repéré par George Lucas et Steven Spielberg, il réalise tous les posters principaux des «Star Wars», des «Indiana Jones», des «Retour vers le futur», mais aussi de «E.T. l’extraterrestre», «Hook», «Les Goonies» ou encore «Jurassic Park».

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Sa touche magique lui vaudra aussi de dessiner notamment les affiches de «The Thing», «Rambo», «Blade Runner», «Police Academy», «Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin», «Un prince à New York», «L’île aux pirates», «Super 8» ou les deux premiers «Harry Potter». Il a également réalisé des pochettes de disques, telle que celle de l’album «Welcome To My Nightmare» d’Alice Cooper.

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