Etude PISA: On apprend mieux à lire et à écrire «avec un crayon et du papier»

Publié

Etude PISAOn apprend mieux à lire et à écrire «avec un crayon et du papier»

L’étude PISA 2022 montre qu’un quart des enfants suisses ont des lacunes en lecture. Les solutions pour y remédier fusent et se contredisent parfois.

Julien Baumann
par
Julien Baumann
Apprendre à lire et à écrire avec une tablette numérique est-il moins efficace pour les élèves?

Apprendre à lire et à écrire avec une tablette numérique est-il moins efficace pour les élèves?

Dominik Plüss

Tous les trois ans, l’enquête internationale PISA charrie son lot de commentaires et de débats sur les aptitudes des écoliers. Si la Suisse s’en sort plutôt bien en 2022 selon les résultats publiés la semaine dernière, le fait qu’un quart des élèves de 15 ans ait des lacunes en lecture a retenu l’attention des pédagogues cette année. Dans «Le Matin dimanche», le neuropsychologue Lutz Jäncke prône une sorte de retour aux sources. Il loue l’utilisation du bon vieux cahier et du stylo, plutôt que l’utilisation de tablettes, pour apprendre à maîtriser la langue.

Le spécialiste se garde de «diaboliser le numérique», mais avance que la façon dont on échange sur une messagerie ou que l’on tape sur un clavier n’a pas les mêmes vertus que la lecture de livres et que l’écriture manuscrite. Lorsqu’on écrit des posts sur internet, «la manière de communiquer est entièrement découplée de la grammaire et de l’orthographe», poursuit Lutz Jäncke. De nombreuses études prouvent, selon lui, que l’on apprend mieux à lire et à écrire «avec un crayon et du papier», notamment car les zones motrices et linguistiques du cerveau échangeraient ainsi de façon plus efficace.

Pas une «menace» mais un «défi»

Ce constat est posé de façon plus nuancée dans le «Sonntags Blick» par Jeanina Miskovic, professeure à la HEP de Zurich. Elle appelle de ses veux à un apprentissage plus poussé de la lecture et de l’écriture, mais souligne que de nombreux jeunes ne lisaient déjà pas ou peu de livres avant même l’avènement du numérique. «La lecture peut être encouragée indépendamment du support. L’important est que les textes soient utilisés de manière consciente et que les processus de lecture soient soigneusement guidés», ajoute-t-elle.

La pédagogue préconise aussi que les nouveaux médias numériques soient considérés «moins comme une menace que comme un défi passionnant». Ils pourraient ainsi devenir un outil judicieux pour l’enseignement. «On peut par exemple demander aux jeunes de tourner eux-mêmes des vidéos explicatives en accordant une attention particulière à la langue», conseille Jeanina Miskovic.

La faute au politiquement correct?

Une autre analyse est exposée dans la «SonntagsZeitung» concernant les mauvais résultats de certains élèves en lecture. Si des jeunes ne comprennent pas ce qu’ils lisent, ce n’est pas surprenant, écrit la journaliste Bettina Weber. Selon elle, le langage «politiquement correct» des adultes, qui «ne nomment plus les choses par leur nom», est en partie responsable. L’éditorialiste estime que les classes sociales les plus touchées par les difficultés scolaires sont les premières à souffrir de ce jargon lissé. «Statut socio-économique inférieur semble plus intéressant et académique que pauvre et pas instruit, sauf que ce nouvel étiquetage n’aide en rien les enfants issus de tels foyers», écrit-elle.

Ne ratez plus aucune info

Pour rester informé(e) sur vos thématiques préférées et ne rien manquer de l’actualité, inscrivez-vous à notre newsletter et recevez chaque jour, directement dans votre boîte mail, l’essentiel des infos de la journée.

Ton opinion

6 commentaires