WimbledonCarlos Alcaraz offre un point: la grande classe!
En démonstration contre Oscar Otte (6-3, 6-1, 6-2), l’Espagnol a fait preuve au passage d’un fair-play rarissime. Tout est bon chez ce garçon!
- par
- Mathieu Aeschmann Londres
Carlos Alcaraz n’aura eu besoin que de trois matches pour devenir le chouchou de Wimbledon. Vendredi soir sur le Court No 1, la foule semblait même reliée émotionnellement au gamin d’El Palmar. Chaque frappe, chaque réponse, suscitait des sursauts de plaisir comme si l’énergie positive du phénomène se contaminait à toutes les rangées du stade. Même Oscar Otte, second rôle impuissant (6-3 6-1 6-2), semblait à la fin obligé d’apprécier le spectacle. Carlos Alcaraz n’est peut-être pas encore un candidat au titre (encore que) mais il a déjà conquis tous les cœurs. Par son jeu et son attitude. Car en plus d’être brillant, le jeune Espagnol a ajouté un acte de fair-play rarissime à sa démonstration.
Les deux hommes jouaient le troisième point du deuxième set lorsque sur une amortie de l’Allemand, Alcaraz glissait une contre-amortie croisée spectaculaire bien qu’un peu trop prévisible. Oscar Otte avait anticipé, il pouvait donc glisser la balle dans le court vide via l’extérieur du filet, provoquant les vivats de la foule. Dans le vacarme, personne n’avait entendu immédiatement l’arbitre Mohamed Lahyani, contraint de déjuger le juge de ligne qui venait d’annoncer faute la balle court-croisée de l’Espagnol.
«Replay the point», annonçait alors logiquement le plus célèbre juge de chaise du circuit. La règle ne laisse dans un tel cas aucune interprétation à l’arbitre: comme l’annonce erronée était intervenue avant qu’Oscar Otte n’arme son coup décisif, ce dernier ne pouvait pas compter. Après quelques secondes d’incompréhension, les deux joueurs s’en allaient donc rejouer ce troisième point. Or Carlos Alcaraz se positionna à gauche, à 15-30, offrant implicitement le point à l’Allemand. Un geste rare car les joueurs rendent souvent un point quand l’erreur est intervenue sur le dernier coup de raquette. Ici, «Carlitos» a jugé de lui-même qu’Otte avait été privé d’un point évident. La grande classe.
Place à Jannik Sinner
Cette anecdote n’en est pas vraiment une. Elle vient à nouveau souligner à quel point le protégé de Juan Carlos Ferrero se construit sur des bases saines. Or rien n’est plus efficace qu’un bon esprit pour avancer vite. La preuve, le meilleur allié de Carlos Alcaraz dans son apprentissage express du gazon semble être le plaisir qu’il y éprouve. «J’adore. J’ai du plaisir à jouer sur cette surface, à essayer de m’améliorer à chaque sortie, confiait-il au micro du tournoi. C’est difficile. Mais aujourd’hui, j’ai joué le meilleur match de ma vie sur gazon. Et je peux vous assurer que je serai encore un autre joueur en 8e de finale.» Un huitième pour lequel il faudra prévoir le pop-corn puisque c’est Jannik Sinner qui attend son cadet. Entre l’Italien et l’Espagnol, il y aura 39 ans sur le court, trois de plus que Rafael Nadal!
«Je me réjouis d’affronter Jannik. On est amis et on se prépare à vivre une longue rivalité dans les prochaines années.» L’attrait de la jeunesse tient aussi dans sa spontanéité.