CommentaireDécadence et pédophilie: le lexique provocateur de Poutine
Une année après l’invasion de l’Ukraine, le discours à la nation du président russe était attendu par le monde entier.
- par
- Eric Felley
Vladimir Poutine a tenu ce mardi son discours annuel à la nation. Alors que la guerre en Ukraine dure depuis bientôt une année, sa prestation d’aujourd’hui avait un retentissement mondial. Hélas, mais on s’en doutait, le président russe n’a pas changé d’argumentaire. Bien au contraire. Malgré les dizaines de milliers de morts de ce conflit, il annonce poursuivre sur sa lancée, pour en finir avec le régime «néonazi» de Kiev. Il va «régler pas à pas, soigneusement et méthodiquement, les objectifs qui se posent devant nous».
«Pas à pas», «soigneusement» et «méthodiquement», voilà des mots qui s’adressent d’abord aux Ukrainiens pour les démoraliser au lendemain de la visite surprise de Joe Biden à Kiev. Les forces russes ont certes subi de grosses pertes depuis un an, mais lui continuera de marcher sur les cadavres pour avancer d’une manière implacable. Mètre par mètre, avec soin et méthode. Il a répondu ainsi au président américain, qui avait déclaré lundi: que «la guerre de conquête» de Moscou était «en train d’échouer»
«La destruction des familles»
Après avoir tenté sans succès une invasion éclair en février 2022, Vladimir Poutine rejette aujourd’hui sur les «élites occidentales» la totale responsabilité de «l’attisement du conflit ukrainien et de ses victimes». Le président russe a également dépeint l’Occident comme une société décadente: «Regardez ce qu’ils font avec leurs propres peuples: la destruction des familles, des identités culturelles et nationales, la perversion et la maltraitance des enfants, jusqu’à la pédophilie, sont déclarées comme étant la norme.»
Voilà un peu la nouvelle du jour: après les néonazis, le conflit s’étendrait donc aux pédophiles occidentaux. Il est difficile de savoir quel crédit accorde la population russe à ces allégations, qui visent à justifier moralement un effort de guerre de plus en plus lourd en vies humaines. Ses déclarations pourraient donner du grain à moudre à certains complotistes de chez nous. Mais c’est surtout triste et effrayant de voir à quel point l’autocrate du Kremlin a engagé son pays dans une voie de non-retour, au nom d’une grandeur perdue.