PolitiqueL’économie et les agriculteurs suisses s’allient contre le camp rouge-vert
Pour contrer la politique fédérale jugée trop socialiste et écologiste, les organisations faîtières de l'économie et celle des paysans ont négocié un puissant partenariat stratégique à long terme, révèle la «NZZ am Sonntag».
«Les organisations nationales de l'économie et de l'agriculture ont reconnu l'importance d'une coopération fiable entre partenaires pour continuer à trouver des majorités à l'avenir». C’est ce qui est écrit dans un document de stratégie interne qu’a pu consulter la NZZ am Sonntag. Il détaille la volonté d’association régulière d’Economiesuisse, de l’Union suisse des arts et métiers (USAM), de l’Union patronale Suisse (UPS) avec l’Union suisse des paysans (USP). Une alliance qui devrait déjà être active pour les votations de septembre prochain sur l’initiative populaire « Non à l’élevage intensif », ainsi que celles sur la réforme AVS 21 et la suppression partielle de l’impôt anticipé.
Faire contrepoids au camp rouge-vert
Selon le conseiller national Fabio Regazzi (PDC/TI), président de l’USAM, il s'agit de faire contrepoids au camp rouge-vert. Markus Ritter, président des paysans du pays et conseiller national (PDC/SG), ajoute: «Nous ne pouvons plus nous payer le luxe de nous battre les uns contre les autres».
Dans le camp rouge-vert au Parlement, ce partenariat inattendu irrite. La Vert’libérale Kathrin Bertschy note que «sous Markus Ritter, de tels accords ont massivement augmenté». Elle redoute que la pression des réformes sur l’agriculture ne diminue désormais et que l’économie ménage l’Union suisse des paysans. Du côté du Parti socialiste, le coprésident Cédric Wermuth déplore que «Markus Ritter a vendu les intérêts des agriculteurs à l'économie». Selon lui, au plus tard lors du prochain accord de libre-échange, l'économie sacrifiera les paysans. Il estime que cette alliance montre avant tout à quel point les associations économiques sont nerveuses.
Collaboration pour les élections 2023
Les nouveaux alliés, peu affectés par ces critiques, disent vouloir collaborer à long terme. Selon la NZZ am Sonntag, ils prévoient ainsi dès l'automne une grande campagne commune pour les élections fédérales de 2023: «Nous ne voulons pas assister passivement à la fonte de la majorité bourgeoise au Parlement», confirme Valentin Vogt.
Renforcement fondamental du bloc bourgeois
L’accord entre l’économie et les paysans suisses constitue un renforcement fondamental du bloc bourgeois dans la politique nationale, note la NZZ am Sonntag. «Les rapports de majorité, en particulier au Conseil national, sont instables», explique Valentin Vogt, président de l’UPS. Même dans les urnes, les associations économiques ne sont plus assurées de remporter la victoire. C'est pourquoi l'économie et les paysans ne peuvent que profiter l'un de l'autre, souligne-t-il : «Nous nous engageons pour un ordre économique qui place la responsabilité individuelle au centre».