VermontUn mégot de cigarette trahit le voisin d’une femme tuée en 1971
Le meurtre de Rita Curran a été attribué un temps au tueur en série Ted Bundy. Mais l’ADN prouve que le coupable habitait son immeuble. Il est mort en 1986.
- par
- Michel Pralong
Le mardi 20 juillet 1971, Beverly Lamphere rentre chez elle à Burlington, dans le Vermont. (USA) Elle découvre le corps de l’un de ses deux colocataires, Rita Curran, 24 ans, partiellement nu, ensanglanté et allongé sur le dos sur le sol de leur chambre commune. L’institutrice portait des bigoudis sur la tête, comme si elle avait été agressée au moment de se coucher. L’ami de Beverly tente de la ranimer, mais elle est déjà morte.
L’enquête révélera qu’elle a été agressée sexuellement mais pas jusqu’au viol. Sa culotte a été arrachée. Elle s’est visiblement défendue avec force. Mais elle a été rouée de coups et étranglée. Des traces de sang indiquent que l’assassin est sorti par la porte arrière, qui n’était pas verrouillée. Rien n’a été volé.
Les voisins n’ont rien entendu
Le matin du meurtre, la police a interrogé les habitants de l’immeuble, dont William DeRoos et sa femme, mariés depuis deux semaines, qui vivaient deux étages en dessus. Le couple dit avoir passé toute la soirée ensemble à la maison et n’avoir rien entendu.
Plusieurs suspects seront envisagés dans les années suivantes et même le tueur en série Ted Bundy. Parce que la victime ressemblait à sa première fiancée et parce qu’il avait grandi non loin de là. Mais la date ne colle pas avec sa localisation à l’époque et lui-même niera toute implication dans le meurtre de Rita Curran avant d’être électrocuté en 1989, comme on peut le lire dans un blog consacré au tueur en série.
Un cold case de plus dans la longue liste des affaires non résolues aux États-Unis. Mais celle-ci diminue depuis quelques années depuis les progrès de la recherche généalogique d’ADN. Et c’est encore ce qui vient de se produire ici.
Un mégot dans la chambre
Le tournant dans cette affaire a lieu en 2014, quand de l’ADN parvient à être extrait d’un mégot de cigarette trouvé sur les lieux du crime. Il ne correspond à aucun profil enregistré dans les fichiers de la police. En 2019, le dossier est à nouveau rouvert et on décide de travailler avec la technique de la généalogie. L’ADN montre une grande familiarité avec les parents de… William DeRoos, le voisin. Mais celui-ci est mort d’une overdose à San Francisco en 1986, précise CNN.
La police trouve un demi-frère encore vivant qui donne un échantillon de son ADN. Il y a une correspondance avec celui de la cigarette et d’un autre échantillon trouvé sur la robe de chambre déchirée de Rita Curran. Les enquêteurs sont alors retournés voir la femme de DeRoos, toujours vivante, mais qui avait divorcé quelques années après ce meurtre. Elle avoue alors qu’elle a menti en 1971. Son mari s’était absenté un moment cette nuit-là. Selon la police, elle n’a sans doute jamais su qu’il avait tué la jeune femme, mais il lui avait demandé de ne pas révéler son absence car il avait des antécédents et que la police le suspecterait.
En fait, cette nuit-là, le couple s’était disputé. Connu pour ses brusques accès de violence, William DeRoos, 31 ans à l’époque, était sorti pour se calmer. Il a plutôt visiblement passé ses nerfs sur la malheureuse voisine du dessous.
Celui que certains voyaient comme un gourou a, après son divorce, déménagé en Thaïlande, explique CBS où il s’est fait moine. Il est ensuite rentré aux États-Unis.
«Je ne pense pas tant au type qui a fait ça qu’à Rita, à mes parents et à ce qu’ils ont vécu, a déclaré le frère de la victime lors de l’annonce de la découverte de son assassin mardi. Je prie pour Rita et je prie pour mes parents», qui sont décédés depuis.