FootballDans la gestion de l’urgence, Sion a une longueur d’avance sur Servette
Le derby du Rhône de dimanche, qui a vu le FC Sion s’imposer 2 à 1 au Stade de Genève, laisse deux équipes dans une dynamique opposée. A Genève, on joue avec les mots pour contrôler la pression.
- par
- Patrick Oberli Genève
Est-ce la croisée des destins? En s’imposant dimanche par 2 à 1 au Stade de Genève, le FC Sion a peut-être posé les bases d’un semblant de sérénité. Servette, par contre, s’est enfilé dans une série négative qui, si elle se prolonge, pourrait bien amener quelques remous. Trois défaites de rang, cela pèse sur le moral de n’importe quel groupe.
Ce «derby du Rhône», vendu au public avec la puissance de son histoire, ne restera pas dans les mémoires. Ni par les messages des supporters, qui s’ingénient saison après saison, à ressasser les clichés éculés de l’opposition entre ville et campagne, ni par le jeu présenté. La faute, surtout, à des Genevois qui ont attendu cinq bonnes minutes avant de commencer à jouer. Mais il était déjà trop tard, Sion, par un Stojilkovic (4e) tout heureux d’être si libre au milieu de la défense servettienne, avait déjà pris l’avantage. Le scénario idéal pour une équipe en reconstruction qui avait fait du sérieux et de la compacité les piliers de son plan tactique. Paolo Tramezzani, le nouveau coach sédunois, n’est pas là pour régaler les tribunes, même dans un derby. Ce qui compte, ce sont les points. Pour respirer et, si possible, remonter dans le classement de Super League, comme ce dimanche puisque Sion y a rejoint son adversaire du jour.
Si les Valaisans sont parvenus à leurs fins, ils le doivent donc avant tout à leurs adversaires. Alain Geiger a beau tenter de refroidir la marmite, la vapeur de l’agacement commence bel et bien à faire monter la pression du côté de la Praille. Certes, les Genevois, comme l’a martelé leur entraîneur, ont nettement plus tiré au but que leurs adversaires. Certes aussi, ils ont affiché une plus grande possession du ballon et une volonté de bien faire.
Mais cela ne signifie pas que le jeu présenté a rassuré. Et ce n’est pas seulement la faute à une trop grande naïveté, comme l’assure le coach bienveillant. Face à Sion, Servette a manqué de tout. De volonté, de précision, de qualité technique, de structure dans son placement. De chance peut-être aussi, même si celle-ci est souvent la conséquence d’une performance décente dans les quatre paramètres précédents. Mais ce qui est le plus étonnant dans la piètre performance genevoise, c’est qu’elle intervient lors d’un derby, une de ces rencontres où il y a, théoriquement, plus que les trois points en jeu.
Jouer avec les mots ne suffit pas
Du coup, à Genève, on travaille la rhétorique. Concrètement, on ne veut pas entendre parler de crise. On convoque néanmoins une «très grosse» remise en question.
C’est assurément le minimum. Et les progrès devront se voir dès mercredi dans le cadre des 8e de finale de Coupe de Suisse face au FC Thoune. Un revers dans l’Oberland et plus personne ne pourra continuer à jouer avec les mots. Il s’agira bien de gérer une crise. «Fermer les écoutilles», pour faire corps dans le marasme, comme le demande le gardien Grenat Jérémy Frick, ne suffira plus.
Car si Servette n’a jamais annoncé qu’il visait le titre cette saison, le club n’a pas non plus postulé pour lutter contre la relégation. Dans le match de l’urgence, Sion semble bien avoir une longueur d’avance.