Ski alpinMikaela Shiffrin: «Je me sens ridicule»
La championne américaine a connu ce jeudi, à Pékin, sa troisième élimination lors des Jeux olympiques. Elle ne cherchait pas de faux-fuyant à l’heure de l’interview.
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Mikaela Shiffrin a la tête basse: elle a totalement manqué ses Jeux olympiques et quittera Pékin sans aucune médaille individuelle.
AFP«Je me sens ridicule…» C’est ce qu’a confié l’Américaine Mikaela Shiffrin, sortie de piste ce jeudi dans le combiné alpin, soit sa troisième élimination lors des Jeux olympiques de Pékin. Elle quittera la Chine sans médaille individuelle, un terrible échec pour cette championne au palmarès immense.
Triple médaillée olympique (or du géant en 2014, or du slalom et argent du combiné en 2018), Shiffrin est sortie en géant, en slalom et, donc, en combiné, alors qu’elle brille habituellement par sa sûreté technique (73 victoires en Coupe du monde). Il lui reste le parallèle par équipes samedi pour sauver ses Jeux. À l’heure de l’interview, la skieuse de Vail ne se cachait pas.
Mikaela Shiffrin, comment avez-vous abordé votre journée?
Je me sentais calme, j’avais un bon plan d’attaque pour la descente, j’ai bien skié la piste. Après, dans ma tête, je savais que j’avais l’opportunité de gagner une médaille. J’ai monté le tempo en slalom, mais si vous comparez à la course de slalom (la semaine dernière), j’étais plus calme. J’avais un bon ressenti sur ces neuf premières portes. Ça fait un bon feeling en slalom, mais deux sorties de piste... Je ne voulais pas skier sur la défensive pour protéger je ne sais quelle avance après la descente sur les autres spécialistes du slalom. Je voulais faire un bon slalom. Ce n’était pas trop me demander je pense. C’est ce que j’ai commencé à faire, puis je suis sortie…
«Je sais qu’il va y avoir cet amas de mauvais commentaires sur la façon dont j’ai lamentablement échoué. C’est étrange, mais je n’en ai même pas peur»
Avez vous subi une pression particulière?
Les gens disent que c’est une histoire de pression, il y a eu des moments pendant les Jeux où j’ai ressenti une forte pression, des attentes, mais ça ne m’a pas affectée pendant mes courses de manière générale, et ce n’était certainement pas supérieur à ce que j’avais déjà connu dans ma carrière, aux Mondiaux ou aux derniers JO. La pression est toujours là, et ça ne me gêne pas, elle m’est familière. Parfois je suis un peu plus tendue, mais je peux quand même bien skier. Aujourd’hui, je sentais un mental calme, solide. Bien sûr je voulais gagner une médaille, mais je voulais avant tout m’offrir une nouvelle manche de slalom sur cette piste. Ce qui me déçoit encore plus que de repartir des Jeux sans médaille individuelle, c’est que j’ai manqué toutes les occasions que j’ai eues en slalom ici.
Comment avez-vous vécu ces Jeux?
Ce sont des Jeux éprouvants. Ma préparation a été bonne, les choses s’emboîtaient bien. Mais c’est ça, le sport, tu peux être tout à fait prête, parfois ça marche et parfois non. Je ne sais pas pourquoi je suis revenue sur la piste à chaque fois. Je vais revenir demain pour quelques runs de parallèle parce que je suis une idiote! (ironique) Réussir de beaux virages reste agréable, c’est ce que j’ai fait pendant deux semaines, j’aurais aimé pouvoir le montrer. Là, je me sens ridicule. Je me pose beaucoup de questions. Je suis déçue et frustrée. Je sais aussi qu’il va y avoir cet amas de mauvais commentaires sur la façon dont j’ai lamentablement échoué, ces dernières semaines. C’est étrange, mais je n’en ai même pas peur, parce que je n’ai plus aucune énergie à y consacrer.