TélévisionUne plongée au cœur des jeunesses campagnardes vaudoises
La RTS propose dès ce soir puis tous les vendredis une série en quatre épisodes qui suit cinq membres de ces mouvements villageois, pour aller au-delà des clichés.
- par
- Michel Pralong
C’est une tradition qui défie le temps, essentiellement dans le canton de Vaud: celle des Jeunesses campagnardes. Dans de nombreux villages, les jeunes adhèrent à ce mouvement pour grandir ensemble, organiser activités et girons. Cette série, intitulée simplement «Jeunesses!» va suivre durant toute une année cinq de ces membres, au plus près de leurs préoccupations et de leurs sentiments.
Le producteur de la série, Stéphane Goël, avait déjà réalisé un documentaire sur les jeunesses vaudoises en 1998 pour l’émission «Viva» sur la RTS, appelé «Une jeunesse au goût de terre». «Je me suis dit que cela serait intéressant de revenir sur le sujet, d’autant plus que si le milieu agricole à tendance à se réduire, le mouvement des jeunesses prend lui de l’ampleur. Ils étaient 5000 membres actifs dans le canton de Vaud en 1998, ils sont 8000 aujourd’hui».
Avec les réalisateurs Céline Pernet et Daniel Wyss, ils ont filmé entre janvier 2022 et février 2023 des membres de quatre Jeunesses vaudoises, celle de Grandvaux, Corcelles-près-Payerne, Chavornay et Les Moulins-Château-d’Œx. On y voit ce que cela signifie de faire partie d’une jeunesse, les fêtes traditionnelles qui ont lieu dans les villages, les pièces de théâtre que ces jeunes montent, jusqu’au giron final où tous se retrouvent.
Un fossé ville-campagne
Cette série aborde deux thèmes qui ne sont pas souvent traités à la télévision: la campagne et les jeunes. Et elle s’inscrit dans un contexte d’instrumentalisation du fossé ville-campagne, comme on a pu le voir lors des dernières votations, alors que les jeunes parviennent, eux, à vivre entre les deux mondes. L’agacement montré par les paysans qui trouvent que les citadins leur disent comment faire leur métier est aussi une façon de montrer qu’ils sont bien chez eux.
Dans «Jeunesses!» vous allez faire la connaissance d’Irène (Corcelles-près-Payerne), de Damien (Les Moulins), de Joël (Chavornay), de Robin (Grandvaux) et de Lucie, qui a été élue présidente de la Fédé, l’association faîtière des Jeunesses vaudoises. La semaine prochaine, une fois qu’ils vous seront familiers, lematin.ch reviendra sur la manière dont ils ont été choisis.
Dans cette série, qui est davantage un feuilleton où l’on suit des personnages qu’un reportage, bien des clichés sont brisés. Mais d’autres subsistent. «En ville, j’ai l’impression qu’il y a surtout des bourgeois et des racailles», dit ainsi Robin dans le premier épisode, lui qui vient en ville essentiellement pour suivre le LHC.
Un bizutage d’entrée
Le bizutage n’a pas disparu non plus, on assiste à celui que pratique la jeunesse des Moulins, la dernière du canton à ne pas accepter les filles: une montée en peau de phoque de nuit jusqu’à un chalet où les nouveaux devront avaler une crème au chocolat très peu appétissante. Cela a été l’une des premières scènes tournées par l’équipe. «Cela a tout de suite fixé notre place et la manière dont nous allions nous comporter, explique Daniel Wyss. Il fallait se tenir suffisamment en retrait, nous avons décidé de ne pas filmer directement les bizutés et Damien nous connaissait encore mal à l’époque. C’était un bon test d’entrée en matière pour nous aussi». Et comme pour les bizutés, l’équipe de tournage a de plus en plus été acceptée par les protagonistes, cela se sent dans cette série.
«Jeunesses!»
RTS1, vendredi 1er septembre, 20 h 10, 45 minutes