AngleterreDeux militants condamnés pour leur attentat contre un tableau
Les manifestants devront payer 1240 francs pour rembourser les dégâts causés à un tableau de John Constable à la National Gallery de Londres.
- par
- Michel Pralong
La décision pourrait servir de référence au vu de la multiplication des attentats contre les œuvres d’art dans le monde. Deux militants de l’association pour le climat Just Stop Oil ont été condamnés mardi par le tribunal de première instance de Westminster suite à leur action de protestation à la National Gallery de Londres.
En juillet, les deux manifestants de 22 et 23 ans avaient collé des affiches sur le tableau «Hay Wain» de John Constable, qui réinterprétaient la scène de la toile à l’aune de notre pollution. Puis ils s’étaient collé une main sur la cadre. «Vous pourrez oublier notre terre verte et agréable lorsque la poursuite de l’extraction de pétrole entraînera de mauvaises récoltes généralisées, ce qui signifie que nous nous battrons pour la nourriture», avait déclamé alors l’un des deux militants.
Leur action avait causé des dommages au tableau et sa restauration ainsi que la pose d’une vitre en verre avant qu’il puisse être à nouveau exposé le lendemain avaient coûté 1081 livres (1240 francs) au musée. Le juge a condamné les manifestants à rembourser les dégâts, soit 620 francs chacun, une peine assortie d’une liberté conditionnelle de 18 mois, explique le «Guardian». Il les a avertis que s’ils commettaient d’autres infractions durant ce laps de temps, l’affaire pourrait être rouverte et le tribunal pourrait les condamner à de la prison.
Ils ont plaidé l’excuse légitime
Les deux militants s’étaient défendus en disant que les articles 10 et 11 de la Convention européenne des droits de l’homme sur la liberté d’expression et de réunion leur donnaient une excuse légitime pour leurs actions. Ils avaient également expliqué qu’ils avaient demandé conseil à un expert en art avant leur action afin de tout faire pour ne pas endommager le tableau.
Mais le juge a rétorqué que les dommages qu’ils avaient causés étaient «importants et non insignifiants» et que les accusés avaient été imprudents et n’avaient aucune excuse légitime pour leurs actes.
Près de 100 directeurs de musées du monde entier ont signé une déclaration commune face à la multiplication des attaques contre des œuvres d’art. Ils estiment que les militants du climat ne sont pas conscients de la fragilité des œuvres qu’ils attaquent. En outre, une étude américaine a montré que de telles actions, plutôt que d’alerter le public sur l’urgence climatique, sont contre-productives.