SnowboardJan Scherrer en bronze, au terme d’une finale historique
Le Saint-Gallois de 27 ans a rapporté à la Suisse sa 5e médaille des Jeux de Pékin. La finale de half-pipe a été extraordinaire à trois titres.
Une fois n'est pas coutume, ç'a été chaud à Zhangjiakou. Et pas seulement parce que la température autour du pipe a failli dépasser le 0 degré pour la première fois de ces JO. Il y a tout, ou presque, qui a contribué à faire de cette finale olympique la plus belle depuis l'introduction de cette discipline au programme en 1998 à Nagano: un run de légende du médaillé d'or, le Japonais Ayumu Hirano (23 ans); une médaille suisse, par Jan Scherrer; et la dernière épreuve d'un Dieu de la planche, Shaun White (35 ans).
Dans le demi-tube japonais, Scherrer a réussi un deuxième passage où tous ses sauts ont été propres, avec juste ce qu'il fallait d’une prise de risque parfaitement calculée. Les juges lui ont attribué un total de 87,25 unités, suffisant pour devancer White (85 points), que tout le monde espérait voir médaillé pour ses adieux à la compétition de haut niveau. L'inédit double rodeo switch backside alley oop 1080 plaqué lors du run «bronzé» a fait toute la différence.
Le snowboardeur de la bucolique bourgade de Wattwil, dans le célèbre Toggenburg, a ainsi assuré la cinquième breloque dans la besace de la délégation suisse à Pékin. La quatorzième de l'histoire du snowboard helvétique aux Jeux olympiques. Seuls les Etats-Unis font mieux dans le domaine, avec un total inégalable de 31 médailles depuis 24 ans. Scherrer a eu autour du cou vendredi la troisième breloque suisse en half-pipe. Jusqu'ici, seuls Gian Simmen en 1998 et Iouri Podlatchikov en 2014 avaient été récompensés aux Jeux.
«Ce second run s'est passé super bien, a souri le st-gallois. C'est la manière la plus cool que je pouvais imaginer de gagner une médaille: avec mon trick à moi. A ma façon. J'ai travaillé pour ça et je dois dire que j'ai un peu de la peine à y croire pour l'instant. Je me réjouis de voler en direction de la Suisse, voir ma femme, voir ma famille et m'asseoir chez moi avec la médaille autour du cou et regarder le snowboard Big Air.»
Huée et ovation
Le Genting Snow Park a vibré comme rarement depuis le début de ces Jeux. Déjà avec la retraite de Shaun White, officialisée sur une quatrième place pleine de panache. L'Américain a eu droit à une belle ovation des snowboardeurs présents, mais aussi de l'intégralité de ses collègues, ainsi que du maigre public qui avait été invité à la compétition. Ce dernier a sans doute pris autant de plaisir à voir ce moment d'histoire de la discipline que de danser au côté de la mascotte panda. Et rien que ça, ça veut dire beaucoup.
«J'ai manqué le podium de peu et j'aurais adoré terminer dessus pour une dernière fois. Mais on n'a pas toujours ce qu'on veut dans la vie. Tu n'as que ce que tu mérites, a dit la star sans quitter son sourire. Tous les concurrents ont été si sympas avec moi... Ils m'ont tous tapé dans le dos et ils m'ont dit que leurs tricks n'auraient pas atteint un tel niveau si je ne les avais pas poussés. Je veux vraiment les remercier pour ça. Ils m'ont toujours supporté et laissé faire mes choses de mon côté. Ce sport, c’était l’amour de ma vie.»
Au pied du half-pipe de Zhangjiakou, les quelques centaines de chanceux à y avoir été admis ont aussi pu voir un autre moment mythique. Ayumu Hirano a envoyé un triple cork lors de son troisième run et a, pour une fois, réussi à enchaîner derrière jusqu’au bas du demi-tube. Le jury avait été hué quand il n'avait été crédité «que» de 91,75 points lors de son deuxième passage?
Son dernier essai a été trop parfait (96,00) pour ne pas le faire passer devant l'Australien Scotty James (92,50). Hirano, plus jeune médaillé (argent) de l'histoire des Jeux en 2014 à Sotchi à seulement seize ans, est devenu ce vendredi le premier Japonais à arracher l'or olympique dans la discipline. Celui qui s'était aussi aligné en skateboard à Tokyo l'année dernière est simplement le plus fort.