Européens de MunichHumeur: dans le monde d’après, il n’y a plus de sécurité
À Munich, on entre sur les lieux de compétitions et dans les centres des médias sans être fouillé.
- par
- Emmanuel Favre Munich
Le premier jour de notre présence à Munich, ville de Bavière où neuf sports mettent en jeu leurs titres continentaux jusqu’au 21 août, on est entré sur les sites d’entraînement et dans le centre de presse comme on entre dans un wagon CFF. Avec un simple abo qu’il est coutumier de nommer «accréditation». Une espèce de pancarte avec un logo, une photo, quelques pictogrammes et plein de numéros, qu’on trimbale sur le ventre.
Une première. Généralement, dans ce type d’événements, c’est un peu comme à l’aéroport. Les sacs et le bonhomme sont passés au détecteur. La pancarte est scannée. Dernièrement, aux Jeux olympiques de Tokyo et de Pékin, il fallait même passer le test de la température corporelle.
Étonnant. Mais on s’était dit que la procédure allait gentiment se mettre en place.
Le deuxième jour, rebelote. Zéro contrôle. On a même tenté un truc: dans une zone d’entraînement, on a retiré la pancarte et on s’est approché de deux athlètes suisses pour jaser de leurs objectifs. Personne ne nous a demandé ce qu’on faisait là.
On en a profité pour échanger avec notre collègue Chris Geiger, qui s’est rendu sur le site d’aviron et dont les affaires n’ont pas été scrutées. Et des confrères de la chaîne de télévision alémanique SRF. Eux aussi n’ont jamais passé le moindre contrôle pour accéder au centre des médias réservés aux télés.
Étonnant. Mais on s’était dit que la procédure allait gentiment se mettre en place.
Tralala youpppie, mais…
Le troisième jour, ce jeudi donc, qui coïncide avec le début des compétitions, on a réalisé que la procédure n’allait pas se mettre en place.
Si l’on raisonne de manière égoïste, c’est tralala youppie. Imaginez un accès à la porte d’embarquement de l’avion sans avoir à transiter par la case «contrôle de sécurité». Quand vous y êtes confrontés cinq ou six par jour, vous avez des raisons objectives de vous agacer.
Mais si l’on raisonne de manière objective, cela peut engendrer des questions de fond.
Dans ce qu’on appelle le monde d’après, l’humain est-il fondamentalement devenu bon? N’est-il définitivement plus prêt à prendre le sport en otage comme il l’avait notamment fait en 1996 aux JO d’Atlanta ou en 1972 à ceux de… Munich?