Réunion de l’OSCE boycottéePrésence de la Russie «malgré les intrigues des ennemis»
Ukraine, Pologne et pays baltes ont décidé de boycotter la réunion, à cause de la présence du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) se réunit à partir de jeudi, en Macédoine du Nord, en l’absence remarquée des ministres des Affaires étrangères de l’Ukraine, de la Pologne et des pays baltes, qui protestent contre la présence du chef de la diplomatie russe.
Ce forum de dialogue entre Est et Ouest traverse la plus grave crise depuis sa création, il y a 48 ans, paralysé par l’invasion russe de l’Ukraine. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, doit s’adresser au Conseil à 10h00 (heure suisse).
Présence «inacceptable»
Ses homologues estonien, letton et lituanien estiment que la présence de Lavrov «risque de légitimer l’agresseur qu’est la Russie en tant que membre à part entière de notre communauté de nations libres». Kiev a fustigé la présence «d’un État qui a déclenché la plus grande agression armée en Europe, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale».
Une présence jugée «inacceptable» par Varsovie, qui avait refusé en 2022 de permettre au ministre russe des Affaires étrangères de participer à la réunion de l’OSCE qu’elle accueillait, suscitant des protestations de Moscou. Sergueï Lavrov est arrivé en Macédoine du Nord «malgré les intrigues des ennemis», a réagi sur Telegram, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.
L’occasion de comprendre pourquoi la Russie est isolée
La Bulgarie, qui a d’abord autorisé Lavrov – visé par des sanctions occidentales pour le conflit en Ukraine – à survoler son espace aérien, a ensuite révoqué cette autorisation en raison de la présence dans son avion de Zakharova, sanctionnée elle aussi et interdite d’entrée dans l’Union européenne, selon la même source.
L’avion de Lavrov est finalement arrivé en Macédoine du Nord via l’espace aérien grec, selon les agences de presse russes. La décision «d’autoriser [Sergueï] Lavrov à participer est conforme à notre objectif commun de maintenir le multilatéralisme en vie», a estimé mercredi soir le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell.
Lavrov «a besoin d’entendre de tout le monde, à nouveau, pourquoi la Russie est condamnée et isolée. Il pourra alors rapporter au maître du Kremlin que l’Union européenne et l’OSCE restent unies pour déplorer le comportement agressif et illégal de la Russie», a-t-il ajouté.
Présence des Etats-Unis et de la France
Les Etats-Unis, représentés mercredi à l’OSCE par le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, qui s’est rendu jeudi en Israël, pour tenter d’obtenir la prolongation de la trêve à Gaza, soutiennent également mordicus ce forum européen installé dans le palais impérial des Habsbourg.
L’OSCE a failli se retrouver sans présidence en 2024 – et partant, sans budget. Malte a accepté in extremis de prendre la présidence à la place de l’Estonie, Moscou ne voulant pas entendre parler d’un membre de l’OTAN à ce poste stratégique. Cela devrait être entériné à Skopje.
La France y est représentée par sa secrétaire d’État chargée de l’Europe, Laurence Boone. «Je suis ici pour rappeler notre soutien à l’Ukraine» a-t-elle dit à l’AFP, et pour «montrer que malgré l’obstruction russe, nous arrivons à faire fonctionner l’OSCE». L’OSCE a été crée en 1975, lorsque les blocs des Occidentaux et des Soviétiques s’étaient entendus pour créer une plateforme de dialogue entre les deux camps ennemis. Elle réunit aujourd’hui 57 pays.