AlpesMalgré la neige et un été frais, les glaciers suisses rétrécissent encore
En Suisse, les glaciers continuent presque inexorablement de fondre, en dépit de la fraîcheur du mois de juillet. MétéoSuisse pointe du doigt le réchauffement climatique.
Depuis le début de l’année, les glaciers suisses ont perdu 1% de leur volume, malgré une neige abondante et un été frais, a révélé, mardi, l’Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT). «Même si 2021 affiche la plus faible perte de glace depuis 2013, aucun ralentissement n’est en vue pour le recul des glaciers», pronostiquent les experts du réseau cryosphère. «Côté météo, les conditions étaient réunies, cette année, pour leur donner un peu de répit. Malheureusement, en période de changement climatique, même une «bonne» année ne leur suffit pas…»
La perte du volume «s’est poursuivie, quoique moins rapidement, malgré une neige abondante en hiver et un été relativement frais et changeant». Les abondantes neiges de mai ont bien protégé les glaciers jusqu’au pluvieux mois de juillet: sur le Claridenfirn (2890m), dans le canton de Glaris, une profondeur de neige de près de sept mètres a été mesurée, la valeur la plus élevée depuis le début des observations, en 1914.
Aucun glacier ne progresse
Mais «la fonte était considérable à fin septembre, et environ 400 millions de tonnes de glace ont été perdues dans toute la Suisse au cours des douze derniers mois, soit près de 1% du volume restant de glace», selon la commission des experts. Par conséquent, les 22 glaciers observés en détail par le réseau suisse des relevés glaciologiques «recensent une perte de glace».
Pire. Bien que les pertes soient «moindres que ces dernières années, aucun glacier n’a enregistré de gain», précise la SCNAT. Dans le nord du Valais (glacier du Rhône, grand glacier d’Aletsch), la diminution de l’épaisseur moyenne de la glace est modérée, à un peu moins de 20 centimètres. Dans le sud du Valais, le Tessin et le nord-est de la Suisse (à l’image des glaciers du Findel, en Valais, et de la Silvretta, dans les Grisons), les pertes sont à peine «inférieures à la moyenne des dix dernières années». Alors que d’importantes réserves de neige ont été mesurées en automne sur les grands glaciers plus hauts que 3200m, ceux de faible altitude se sont dans certains cas à nouveau complètement asséchés.
«L’influence du changement climatique est évidente»
Enfin MétéoSuisse précise que les températures étaient dans la gamme de la valeur moyenne des trois dernières décennies, ce qui signifie néanmoins un excès de température de 1,8°C par rapport à la période 1961-1990. «L’influence du changement climatique est évidente dans la quantité totale de neige fraîche en été, qui est étonnamment faible, malgré de nombreuses précipitations», explique l’office fédéral.
À titre d’exemple, le Weissfluhjoch (GR, 2540m) a enregistré un total de 155 cm de neige fraîche pendant l’été - également très humide - de 1987, tandis qu’en 2021, il n’est tombé que 20 centimètres. Aucune nouvelle couche de neige de plus de 50 cm n’a été enregistrée et septembre dernier, mois très chaud et ensoleillé, n’a apporté que deux petites chutes de neige fraîche en montagne.