Football – FC Sion: Tourbillon et les 40 joueurs

Au Letzigrund, le FC Sion a dû composer dimanche passé avec les absences pour blessures de 11 joueurs, soit une équipe entière, au moment d’affronter le FC Zurich. N’importe quelle formation de Super League aurait été pénalisée par une telle hécatombe pour aligner un onze de départ. Mais pas le club valaisan, qui peut s’appuyer sur un contingent pléthorique, unique à l’échelle helvétique.

Cette saison, Sion entretient un bataillon de 40 éléments - dans le détail, 3 gardiens, 16 défenseurs, 13 milieux de terrain et 8 attaquants. Une abondance de biens (?) qui ne devait pas empêcher le visiteur de Tourbillon d’exploser en vol au bord de la Limmat. Avec une nouvelle humiliation (défaite 6-2), accentuant la pression sur son coach.

40 joueurs, c’est déjà trois de plus que le contingent 2020-2021, mais un de moins que le «record» de 2019. A titre comparatif, le contingent du FC Lugano comprend cette saison 27 noms, celui d’YB, quadruple champion de Suisse en titre et toujours engagé en Ligue des Champions, 31…

En empilant les joueurs à chaque mercato, Sion espère toujours dénicher l’oiseau rare, qu’il trouve parfois - cela avait été le cas avec Matheus Cunha à l’été 2018. Débarqué en Valais une année plus tôt en provenance des espoirs de Coritiba, l’attaquant brésilien avait été transféré 18 millions de francs à Leipzig après avoir connu un printemps de feu sous le maillot sédunois.

Mais comment gérer un contingent aussi pléthorique? Cela renforce-t-il la concurrence interne comme on pourrait le supposer ou devoir gérer autant d’éléments ne dessert-il pas en fin de compte le travail quotidien de l’entraîneur? Gabet Chapuisat est catégorique. «Une quarantaine de joueurs, c’est beaucoup trop, estime le consultant de blue Sports. Pour construire un contingent, il faut au mieux doubler les postes. Si vous avez deux équipes, cela suffit pour mettre en place les schémas tactiques. Là, ils font quoi les autres? Les gars surnuméraires enchaînent les tours de terrain avec un adjoint? Sion a trop de joueurs inutiles sous contrat.»

En décortiquant le jeu valaisan, le Vaudois met le doigt où ça fait mal, une défense pain fromage qui, avec 40 buts encaissés, ne tient pas la route. «Christian (ndlr: Constantin) est dans la construction. Il sait qu’il faut une assise forte au niveau des fondations. Cela fait pourtant depuis le départ de Reto Ziegler en juillet 2017 que Sion n’a pas cessé de faire du bricolage en défense. La paire centrale Saintini-Schmied, c’est de la Challenge League, et encore…»

A Tourbillon, où la recherche de la cohésion ressemble à un vœu pieu, privilégierait-on la quantité à la qualité? Stéphane Grichting en est convaincu. «Le problème du FC Sion, explique ancien international helvétique, c’est l’absence de qualité. Quand des changements sont effectués, ce n’est jamais mieux après qu’avant (…) Garder autant de joueurs sous tension et concernés est impossible.»

Si certains joueurs enrôlés n’ont pas été incorporés dans la liste déposée auprès de la Ligue pour ce qui concerne les licences, ils n’en sont pas moins rétribués puisque sous contrat. «Payer un élément qui ne peut tenir aucun rôle est malsain pour ce qui est de la gestion du vestiaire. Les joueurs écartés auront tendance à parler en mal du club.»

Reconverti dans la préparation athlétique, notamment celle des skieurs, Grichting élargit le débat. «Il y a lieu de s’interroger sur le mode de fonctionnement du FC Sion. Qu’en est-il de l’institution qu’il représente? Qu’est-on prêt à changer pour repartir sur de meilleures bases?»

A Tourbillon, en attendant, le plus est l’ennemi du bien.