Législatives en FranceLes panneaux d’affichage sont de retour, la tension aussi
La campagne officielle pour les élections des 12 et 19 juin démarre ce lundi, entre des macronistes qui tablent sur une victoire et des oppositions rangées derrière la bannière du pouvoir d’achat.
C’est l’heure pour les candidats de mettre les bouchées doubles: la campagne pour les législatives a officiellement démarré. Chacun jette ses forces dans la bataille: le leader de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon sera en meeting mercredi à Paris avec l’alliance Nupes à gauche, et Marine Le Pen (Rassemblement national) à Hénin-Beaumont dimanche. Ils dérouleront leurs propositions face à la flambée des prix, devenue sujet de préoccupation numéro un.
Alors qu’Emmanuel Macron est jusqu’alors plutôt en retrait, la Première ministre Elisabeth Borne va s’impliquer en cheffe de la majorité: lundi en fin de journée, elle sera en visio avec tous les candidats Ensemble!, puis aura une réunion de travail avec les principaux acteurs de la campagne.
Les trois blocs issus de la présidentielle d’avril se font face, mais avec des stratégies différentes: «attrape-tout» pour la majorité présidentielle, alliance Nupes à gauche, chacun pour soi à l’extrême droite. D’autres entendent troubler ce jeu, comme certains socialistes ulcérés par l’OPA de Jean-Luc Mélenchon sur cette Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Les Républicains comptent de leur côté sur leur ancrage local pour conjurer un nouveau naufrage après celui de la présidentielle.
Selon plusieurs sondages, la majorité présidentielle et la Nupes seraient au coude-à-coude en voix (26-28%), devant le RN (21-23%), LR (9%-11%) et Reconquête! d’Eric Zemmour (5-6%). Mais du fait du mode de scrutin et de la concentration géographique des scores LFI, le camp présidentiel garderait une majorité de 290 à 330 sièges. La Nupes aurait de 160 à 195 sièges, le RN entre 20 et 65. LR verrait son groupe parlementaire d’une centaine de députés fondre entre 20 et 65 sièges.
Une victoire franche des macronistes donnerait pour cinq années de plus les coudées franches au chef de l’État à l’Assemblée nationale. Une courte victoire l’exposerait à de fortes turbulences internes. Une majorité relative l’obligerait à naviguer à vue avec des alliances de circonstance, possiblement avec certains LR mais difficiles à envisager avec une gauche dominée par LFI ou avec le RN.
Le camp présidentiel compte sur la présence d’une femme à Matignon pour la première fois en trente ans pour envoyer un signal fort de changement et de progrès. Mais les accusations de viols visant le ministre des Solidarités, Damien Abad (ex-LR), ont parasité les premiers jours du nouveau gouvernement. Quatorze ministres actuels se lancent dans cette élection, avec une épée de Damoclès: ils devront démissionner en cas d’échec.
LFI et ses alliés comptent sur un effet d’entraînement de la Nupes. Jean-Luc Mélenchon se voit en Premier ministre de cohabitation porté par un raz-de-marée électoral, mais il ne sollicite pas sa réélection à Marseille. À l’extrême droite, Marine Le Pen espère que la constitution d’un groupe parlementaire couplée à ses 41,5% des voix en finale de la présidentielle lui permettront de s’imposer comme première opposante de France. Chez les partisans d’Eric Zemmour, les espoirs du moindre siège sont maigres, faute d’accord avec le RN.