Rébellion du groupe Wagner«Les prochaines 48 heures définiront le nouveau statut de la Russie»
Moscou se dirige vers une guerre civile, une passation des pouvoirs ou un répit temporaire, selon Mykhaïlo Podoliak, conseiller du président ukrainien. Les Occidentaux, eux, suivent la situation «très attentivement».
Kiev voit dans le déclenchement de la rébellion du groupe Wagner «le commencement» d’une importante crise en Russie. La mutinerie du groupe Wagner illustre la faiblesse du pays, plongé dans «le mal et le chaos», a estimé le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ajoutant que l’Ukraine protégeait le reste de l’Europe. «La faiblesse de la Russie est évidente. Une faiblesse totale. Il est tout aussi évident que l’Ukraine est capable de protéger l’Europe contre une contamination par le mal et le chaos russe.»
«C’est seulement le commencement en Russie», a tweeté Mykhaïlo Podoliak, conseiller du président ukrainien. «La division entre les élites est trop évidente. Se mettre d’accord et prétendre que tout est réglé, cela ne marchera pas.»
«Les prochaines 48 heures définiront le nouveau statut de la Russie: soit une guerre civile, soit une passation des pouvoirs négociée, soit un répit temporaire avant la prochaine phase de la chute du régime de Poutine», a-t-il relancé. «Tous les intervenants essentiels sont en train de choisir leur camp. Pour l’instant, silence assourdissant des élites en Russie…».
Prague se lâche
La République tchèque, par la voix de deux de ses ministres, a réagi samedi avec ironie à la crise provoquée par la rébellion du groupe Wagner.
«Voilà, nous savons enfin ce que les Russes entendaient par une Opération spéciale. Après 16 mois de guerre en Ukraine, la Russie fait la guerre à la Russie», a twitté la ministre tchèque de la Défense Jana Cernochova. «Ce n’est pas une surprise. C’est une tradition chez eux. Les guerres ratées finissent toujours par l’exécution du Tsar, suivie de chaos et d’une guerre civile supervisée par des fouineurs. Félicitations!", a-t-elle ajouté. Quant au ministre des Affaires étrangères Jan Lipavsky, il s’est contenté d’un tweet laconique: «Je peux voir que mes vacances d’été en Crimée approchent».
Problème interne à la Russie pour l’UE
Par ailleurs, l’Occident suit très attentivement la situation en Russie, soulignant que les prochaines heures s’annoncent cruciales, après l’entrée en rébellion du chef de la milice Wagner Evgueni Prigojine contre les troupes régulières russes.
«Nous suivons la situation attentivement», a indiqué une porte-parole du chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell. «Nous poursuivons nos consultations avec les États membres et sommes également en contact avec nos partenaires. Ce à quoi nous assistons est un problème interne à la Russie.»
Côté suisse, le Département fédéral des affaires étrangères est «en contact permanent» avec son ambassade à Moscou pour «évaluer la situation». Les voyages à destination de la Russie sont «déconseillés», ainsi que les séjours non urgents.
Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a, lui, appelé «toutes les parties à être responsables et à protéger les civils», ajoutant qu’il suivait la situation «de près» et s’entretiendrait avec certains des alliés du Royaume-Uni dans la journée. «Dans les heures qui viennent, la loyauté des forces de sécurité russes, en particulier de la Garde nationale, sera essentielle pour l’issue de la crise. Cela représente le défi le plus important pour l’État russe ces derniers temps», a tweeté le Ministère britannique de la défense.
Pour Berlin, il faut «éviter le centre-ville de Moscou»
Si Paris, Rome et Berlin suivent «de près» la situation, le président français Emmanuel Macron «reste concentré sur le soutien à l’Ukraine», le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani n’estime qu’il n’y a jusqu’ici aucune inquiétude pour ses compatriotes vivant en Russie et son homologue allemand, lui, préconise «d’éviter le centre-ville de Moscou jusqu’à nouvel ordre».
Enfin, la Norvège «déconseille tout voyage en Russie», tandis que le Danemark se contente de recommander à ses citoyens actuellement en Russie «de rester à l’intérieur».