Adolescent abattu à NanterreNouvelle nuit de violences, Macron convoque une cellule de crise
Les violences se sont poursuivies dans la nuit de mercredi à jeudi en France, surtout en région parisienne, où Nahel, 17 ans, a été tué par un policier, après un refus d’obtempérer.
Emmanuel Macron a convoqué jeudi une cellule interministérielle de crise (CIC) qui doit se tenir à 8h au ministère de l’Intérieur, en réaction aux violences qui se sont déroulées après la mort du jeune Nahel, tué par un policier, a annoncé l’Elysée. Elisabeth Borne a, quant à elle, annulé son déplacement prévu jeudi matin en Vendée. En revanche, la réunion prévue jeudi après-midi à Matignon, autour de la Première ministre, avec neuf associations d’élus est maintenue, a-t-on précisé.
Plutôt calme jusqu’à 23 h, la situation a commencé ensuite à se tendre à Nanterre, dans le quartier du Vieux-Pont, théâtre d’affrontements entre habitants et forces de l’ordre, la nuit dernière.
Au moins trois véhicules et des poubelles ont été incendiés, et des barrières ont été placées sur la route, ont constaté des journalistes de l’AFP. Sur la façade d’un immeuble, les murs ont été tagués des mots «Justice pour Nahel» et «Police tue».
De nombreux incidents ont eu lieu dans des communes des Hauts-de-Seine et de Seine-Saint-Denis, avec des tirs de fusées d’artifices nourris, des véhicules ainsi que des poubelles incendiées. La préfecture de police a fait état de 35 interpellations peu avant 2 h.
Dans l’Essonne, un groupe de personnes a mis le feu à un bus vers 21 h, après avoir fait descendre les passagers à Viry-Châtillon. Des incidents ont été déplorés également dans plusieurs villes des Hauts-de-Seine. À Clamart, une rame de tramway a été incendiée, selon une source policière. Des heurts ont aussi éclaté à Toulouse, Dijon, Lyon, Roubaix, Lille, Amiens, Nice, Rennes, Saint-Étienne…
150 interpellations dans la nuit de mercredi à jeudi
Carcasses de voitures brûlées
Dans la journée à Nanterre, le calme était revenu dans la cité Pablo Picasso, même si le quartier portait encore les stigmates des heurts de la nuit de mardi à mercredi, avec quelques carcasses de voitures brûlées et du mobilier urbain détérioré.
«Plusieurs bâtiments publics et privés, parmi lesquels des écoles, ont subi d’importantes et inacceptables dégradations parfois irrémédiables», a déploré la mairie, appelant à arrêter «cette spirale destructrice».
Dans la nuit de mardi à mercredi, 31 personnes ont été interpellées en France, 24 membres des forces de l’ordre blessés légèrement et une quarantaine de voitures brûlées, selon le ministère de l’Intérieur. Gérald Darmanin avait annoncé la mobilisation pour la soirée de mercredi de 2000 policiers et gendarmes à Paris et dans sa petite couronne, 800 de plus que la nuit passée.
Marche blanche
Le drame qui a coûté mardi matin la vie à Nahel, jeune habitant de Nanterre âgé de 17 ans, a continué de susciter une forte émotion en France, du chef de l’État Emmanuel Macron au capitaine de l’équipe de France de football Kylian Mbappé. Les appels au calme ont fusé de toutes parts, et les pouvoirs publics ont multiplié les prises de parole pour éviter un embrasement.
«Les images choquantes» diffusées sur les réseaux sociaux montrent une intervention de police «qui n’est manifestement pas conforme aux règles d’engagement de nos forces de l’ordre», a estimé la Première ministre, Élisabeth Borne.
Dans la matinée, Emmanuel Macron avait évoqué un acte «inexplicable» et «inexcusable». À la demande du président de la République, le ministre délégué à la Ville, Olivier Klein, s’est entretenu avec la mère de l’adolescent pour lui présenter les «condoléances du gouvernement» et l’assurer du «soutien de la nation».
La mère de Nahel a appelé dans une vidéo postée sur TikTok à une marche blanche, jeudi, à 14 h, devant la préfecture des Hauts-de-Seine, tout près des lieux du tir mortel, en exprimant sa «révolte pour (son) fils».
Garde à vue prolongée
Le drame s’est produit mardi, à la suite d’un contrôle routier. Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux a montré qu’un des deux policiers intervenus tenait le jeune conducteur en joue, puis qu’il a tiré à bout portant quand la voiture a redémarré. Dans la vidéo, on entend «tu vas te prendre une balle dans la tête», sans que l’on puisse attribuer cette phrase à quelqu’un en particulier. Nahel M. est décédé peu de temps après.
Le policier soupçonné du tir mortel, âgé de 38 ans, est interrogé par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) dans le cadre de l’enquête pour homicide volontaire ouverte par le parquet de Nanterre. Sa garde à vue a été prolongée mercredi, dans «la perspective d’une ouverture d’information judiciaire envisagée demain (jeudi, NDLR)», a indiqué le parquet en fin de journée.
L’affaire a relancé la controverse sur l’action des forces de l’ordre en France, où un nombre record de treize décès a été enregistré en 2022, après des refus d’obtempérer lors de contrôles routiers.