Royaume-UniLiz Truss choisit des ministres issus de la diversité pour les postes clés
Pour la première fois de son histoire, le Royaume-Uni ne compte pas d’homme blanc aux quatre plus gros postes de son gouvernement. Ces nouveaux ont quand même le parcours classique de l’élite.
Liz Truss est donc la troisième femme à diriger le gouvernement britannique, après Margaret Thatcher et Theresa May. Elle a été élue par la majorité des 142’000 adhérents votants du Parti conservateur, principalement des hommes âgés et blancs, face à Rishi Sunak, petit-fils d’immigrés indiens. Après avoir été reçue par la reine Elizabeth II en Écosse, elle a annoncé, mardi, son gouvernement. James Cleverly est le premier noir à devenir chef de la diplomatie du Royaume-Uni: il a grandi dans le sud-est de Londres, avec une mère originaire de Sierra Leone.
Kwasi Kwarteng est aussi le premier noir à occuper le poste de chancelier de l’Échiquier. Il est le fils d’immigrés du Ghana, arrivés au Royaume-Uni dans les années 1960. Il prend la suite de Nadhim Zahawi, un Kurde né en Irak.
Suella Braverman, dont les parents d’origine indienne sont arrivés au Royaume-Uni dans les années 1960, depuis le Kenya et l’île Maurice, devient ministre de l’Intérieur. Quand elle avait été élue députée, en 2015, elle avait prêté serment sur le Dhammapada, un des textes bouddhistes les plus connus.
Le visage de l’exécutif britannique a radicalement changé en quelques années. Le pays a eu son premier membre du gouvernement noir en 2002, sous le gouvernement travailliste de Tony Blair. Et en 2010, son premier ministre musulman, sous le conservateur David Cameron.
Davantage de diversité chez les conservateurs
C’est d’ailleurs sous l’impulsion de celui-ci que les choses ont commencé à bouger chez les conservateurs: David Cameron s’est mobilisé pour que des femmes et des personnes issues de la diversité se présentent au Parlement, souhaitant que son parti soit davantage à l’image du Royaume-Uni moderne.
Les conservateurs ont désormais fait de plus grands progrès en matière de diversité ethnique et de genre dans leurs rangs supérieurs que l’opposition travailliste, qui n’a pas encore élu de femme à sa tête.
Prestigieuses études
Mais avoir étudié dans les écoles et universités de l’élite semble toujours être incontournable. Kwasi Kwarteng est passé par le collège d’Eton, l’école secondaire – pour garçons – attitrée de la famille royale et de l’aristocratie du monde entier, où sont passés David Cameron et Boris Johnson avant lui, avant d’aller à Cambridge.
C’est également dans cette université prestigieuse qu’a étudié Suella Braverman. James Cleverly a été éduqué lui aussi dans le privé, avant d’entrer dans l’armée. «C’est sur l’origine sociale qu’il faut vraiment progresser. Nous avons besoin de davantage de politiques qui viennent d’un milieu social ordinaire», estime Rob Ford, professeur de sciences politiques à l’université de Manchester. «Mais l’origine ethnique compte. On entend des gens issus des minorités dire: «Ils (les politiques, ndlr) ne nous représentent pas.» Il est donc important d’avoir des gens autour de la table qui partagent ces expériences de discrimination ou de racisme.»