Jeu vidéo – TestFallait-il que «The Last of Us» fasse encore peau neuve?
Neuf ans après sa sortie sur PlayStation 3, le jeu mythique de Naugthy Dog revient transformé pour la PS5. On s’y est replongé.
- par
- Jean-Charles Canet
Sorti en juin 2013 sur une PlayStation 3 en fin de vie, au bénéfice d’un replâtrage dès juillet 2014 pour la PS4, «The Last of US – Part I» ressort ce vendredi 2 septembre 2022 dans une version spécialement conçue pour la PS5 (juste avant une version PC annoncée mais pas encore précisément datée). Selon ses développeurs, Naugthy Dog, et son éditeur, Sony Interactive Entertainment, il s’agit d’une restauration de fond en comble, et non d’une plus élémentaire «remastérisation» comme l’était la version de 2014.
L’histoire est inchangée: les États-Unis sont submergés par une pandémie qui rend les personnes infectées hautement contagieuses et particulièrement agressives. Joel, un père de famille, fuit avec sa fille Sarah et son frère Tommy et tente de rejoindre une zone plus sûre alors que le chaos s’empare de la région. Leur fuite prend une tournure tragique. Sarah perd la vie. Cette séquence inaugurale n’a rien perdu de sa force dramatique et reste à ce jour une des plus saisissantes ouvertures jamais imaginée pour un jeu vidéo narratif.
Quand Joel rencontre Ellie
Vingt ans plus tard, Joel survit sur un continent ou règne la loi de la jungle. Les circonstances font qu’il devra traverser le pays en ruine pour conduire Ellie, une adolescente infectée mais étrangement immunisée, dans un centre médical.
Parvenu au terme de l’aventure (et d’une extension qui comble quelques trous), on a redécouvert un jeu qui combine l’exploration de zones délimitées (le monde n’est pas ouvert), la gestion des rares moyens de survie (armes, munitions, soins) et des combats contre des factions humaines et contre des infectés en combinant tantôt l’affrontement direct, tantôt l’infiltration. À notre sens, «The Last of Us - Part I» reste digne de figurer dans le panthéon de ce type de jeu ne serait-ce que par la simple force d’une construction dramatique rarement vue à un tel niveau de qualité.
Nous ne sommes cependant pas parvenus à nous persuader que ce remake surpasse suffisamment l’original en son cœur pour forcément justifier une nouvelle mouture aussi soignée soit-elle. En bref, on n’est pas sûr que ceux qui ont joué ou qui peuvent encore jouer à «The Last of Us» version PS4 (et aussi sur PS5 via la rétrocompatibilité) verront leur expérience fondamentalement transformée.
Indéniablement plus beau
Le jeu est indéniablement plus beau. Entièrement refaites, les expressions corporelles, des visages en particulier, sont saisissantes. Le nouveau moteur graphique choisi, le même que «The Last of Us – Part II» introduit même, et pour le meilleur, des changements de tonalité marquants. Mais les émotions que véhiculaient les précédentes moutures sont restées les mêmes, les graphismes et les animations de l’époque parvenaient déjà à les restituer de manière convaincante. Pareil pour le gameplay qui n’introduit qu’une nouveauté (plus ou moins sensible en fonction du mode de difficulté choisi): une intelligence artificielle retravaillée. Ce n’est pas dénigrer le formidable travail de restauration effectué que dire cela. Juste que la version originale déjà très aboutie l’est restée encore aujourd’hui malgré l’évolution des outils et des possibilités. Du coup, le contraste produit par ce travail de titan a beau être évident, il peut paraître marginal.
Options d’accessibilité
Un point pourrait cependant convaincre ceux qui ne sont jamais parvenus au terme de l’aventure, soit bloqué par un obstacle qu’ils n’arrivaient pas à surmonter, soit lassé par la répétitivité de certains enchaînements imposés d’actions, d’infiltration et de crafting. La nouvelle mouture intègre certaines options qui permettent de faciliter la progression (d’autres encore, telle que les munitions infinies, se débloquent une fois le jeu achevé une première fois).
Voilà pourquoi la décision de Sony de positionner le jeu comme une nouveauté facturée au prix d’une superproduction inédite fait polémique. À titre personnel, notre curiosité l’aurait emporté mais les facteurs qui font pencher la balance sont subjectifs et ne seront pas forcément les vôtres.